Publié le 20 Septembre 2015

Naviguer dans son vaisseau d'éternité

J'ai souvent comparé mon chemin intérieur à travers l'existence à Ulysse, dans son voyage à travers la mer des sirènes. Ulysse, alors qu'il devait traverser l'océan qu'il savait infester de sirènes, voulait néanmoins faire l'expérience de leur chant et de ses effets. Mais pour se préserver du danger, il a demandé à ses compagnons de l'attacher à un mât et à eux de se boucher les oreilles. De cette façon, ils continuaient à avancer sereinement pendant qu'Ulysse faisait cette expérience qu'il savait risquée. En effet, le risque des sirènes est de se laisser séduire par leur chant et leur beauté apparente qu'elles utilisent pour nous attirer dans les profondeurs de la mer, ce qui causerait notre noyade.

J'ai toujours trouvé que c'était une jolie allégorie de notre monde. Les sirènes du monde moderne (comme celles de celui d'Homère) sont séduisantes (technologies, loisirs, TV, argent, carrière,...) mais elles ne nous aident pas à développer notre âme, voire au contraire, elles nous en détournent et nous fait perdre un temps très précieux en nous noyant, alors que ce temps pourrait servir à de plus saines et plus hautes aspirations. Le mât auquel Ulysse est accroché est la foi, le bateau représente son âme et ses compagnons sont les aides que nous pouvons recevoir qui nous permettent de continuer à avancer coûte que coûte. C'est un peu comme cela que j'ai vécu jusqu'à présent, accroché à la foi, mais les mains liées et envoyé de force à travers cet océan d'existence, à essayer de surnager du mieux possible malgré vents, marées et sirènes.

Je pensais jusqu'à il y a peu que ce n'était qu'une allégorie. Alors que j'étais réveillé au beau milieu de la nuit sans plus pouvoir dormir, une image se forme dans mon esprit et devient persistante. Je me vois traverser d'énergie par le dos. Cette énergie est comme un vent fort dont il faudrait profiter pour me laisser porter, c'est du moins l'impression qui se fait jour, même si je ne vois pas forcément comment cela pourrait se traduire "dans le réel". Ce vent chasse des scories, défait des liens et une voile se déploie dans ma poitrine. Voilà ce qu'il m'est montré.

Sur le coup, je trouve que c'est intéressant mais ça me semblait être davantage le produit d'un désir ardent qu'une initiation en préparation, car je ne percevais aucune énergie. Puis je laisse ça en l'état, je somnole quelques heures. Le lendemain je vaque à mes occupations puis dans la voiture, cette image me revient d'une façon beaucoup plus persistante. Et là, sur l'instant, il se passe exactement ce que j'avais vu. Une énergie chaude me traverse par l'arrière et vient enflammer ma poitrine. Une immense chaleur m'envahit le torse, le souffle me brûle et des larmes chaudes coulent sans que je ne puisse les retenir. Des liens tombent, des choses se décrochent, je me sens plus léger, mon esprit s'en trouve un peu confus quelques instants. Je sens qu'une ouverture se forme par le devant, et j'ai l'image d'une voile qui se déploie dans mon torse, bombée par la prise au vent. J'avais déjà perçu des années auparavant que la Lumière divine pouvait venir par le dos et travailler de l'arrière vers l'avant, mais de cette façon, c'est la première fois. J'espérais juste que personne ne m'avait vu parce que j'étais en pleine circulation...

Cette initiation de la Lumière vient à un moment assez particulier dans mon existence, car je traverse la période la plus redoutée de mon histoire, celle qui me fait le plus peur et que je retardais le plus possible. Je vais en dire quelques mots, de façon à ce que ça puisse servir au lecteur le cas échéant.

Dans cet article : voyage à travers le vital, j'ai décrit qu'une structure s'était dissoute (celle d'une armure protégeant un enfant replié sur lui-même). Cette intégration m'avait fait comprendre comment je fonctionnais vis-à-vis de l'entreprise, entre autres choses. Suite à cela, j'ai pris la décision de sortir de ce cadre pour envisager une activité basée sur l'indépendance et la liberté, mais sans savoir quoi exactement. Dans cet article-ci, plus ancien : les rêves, une porte vers nos mondes intérieurs, j'ai indiqué un rêve récurrent dans lequel je marchais sur une structure en verre mince qui allait s'effondrer. A chaque fois que je sentais qu'elle allait craquer et moi tomber, je me réveillais. Il y a quelques semaines, j'ai perçu mon bassin et mes jambes comme s'ils étaient en verre. Puis sur une période d'environ dix jours, une peur phénoménale remontait progressivement, jusqu'à la panique, mes jambes flageolaient, j'avais du mal à les percevoir, et un jour j'ai entendu dans un son intérieur comme un bruit de verre cassé. Alors la panique qui était devenue incroyablement pétrifiante et source de nombre de tracas s'est dissoute, ce qui a provoqué un apaisement vital et mental quasi immédiat. Dans cet article : cristallisation physique, j'ai décrit comment des doutes peuvent se cristalliser dans le corps (comme n'importe quelle autre structure de conscience du reste) et qui peuvent alors s'installer dans le corps et provoquer des maladies, si on ne les traite pas par un travail particulier au niveau de la conscience.

La déconstruction continue donc de s'opérer; il y a une suite logique à ces passages. Je le constate d'autant plus que je me sens de plus en plus léger et que pas mal de comportements et de réactions ont disparus. Cela fait plus de onze ans que cette déconstruction est en cours, et pendant cette période, en plus du reste, un nombre impressionnant d'entités ont été dégagées. La Lumière creuse toujours plus profondément dans ma conscience et mon corps. Beaucoup de pages se sont tournées. Pendant tout ce temps, je n'ai eu de cesse que de travailler sur moi de façon très renfermée, ce qui correspondait plutôt bien à ce que j'étais. J'ai arrêté les pratiques en extérieur progressivement jusqu'en 2013 (le bouddhisme) où, en dernier recours, j'ai tout laissé de côté car "je ne le sentais plus", plus rien ne rentrait, tout le monde me tapait sur le système et ça faisait pire que mieux. Il me fallait m'isoler, revenir à moi, dans ma vérité intérieure, quel qu'en soit le prix, et le temps que ça me prendrait.

Ce mode de fonctionnement est très ascétique et d'une certaine façon, correspond plutôt bien à ma nature, du moins jusqu'à maintenant. J'ai la sensation que ce "vent dans la voile" est un nouveau souffle, mais c'est encore trop récent pour le percevoir de façon certaine, l'avenir le démontrera. En l'état actuel des choses, mes ressources financières vont diminuer très rapidement, d'ici la fin de l'année si rien ne se passe. Retourner en entreprise serait un retour en arrière, mais surtout un retour en prison alors que tout me pousse à aller de l'avant, vers la liberté, d'autant si les amarres ont été larguées de par cette dernière initiation. Je sens qu'il est temps d'exploiter mes talents et les mettre au service, avec beaucoup d'humilité. Si je garde un esprit critique sur ce que j'entrevois, je considère cela comme de la folie. D'une certaine façon, j'ai bien conscience de devenir fou aux yeux du monde. "Tu as quitté ton job alors que tu n'avais rien derrière ???" s'exclament mes proches avec une stupeur teintée d'effroi. "Tu es bien sûr de ce que tu fais !!!???". Je n'ose pas dire non ! Je plonge dans le vide et dans l'inconnu, j'ai largué les amarres et pour le moment, je navigue comme je peux. "Tu as fait une étude de marché ?" me demande-t-on parfois lorsque j'évoque quelque idée de projet. "Non, je fonctionne sur la foi et l'intuition". Et là je perçois un vide dans les yeux de mes amis (de ceux qui restent) qui se demandent si je n'ai pas perdu la tête. Quelque part, si, j'ai perdu la tête, mais je gagne le coeur ! "Toi qui es d'habitude si réfléchi et si ceci et si cela...". Ben oui mais je change, et je ne veux pas arrêter ce changement en cours, même s'il apparaît effrayant à mon entourage, et parfois encore davantage à moi-même ! Je goûte à une liberté et à une légèreté dont je commence à peine à ressentir l'air pur, alors que je me lamentais depuis tant d'années dans les murs d'une prison qui avait fini par m'oppresser. Je goûte à une liberté de mouvement car beaucoup de chaînes ont été brisées. Je goûte tout doucement à une liberté d'être, car j'ai trop longtemps essayé de paraître ce que les autres voulaient voir de moi, et peut-être moi-même, ce que je projetais de moi. Je n'ai plus (beaucoup !) de repères, et je ne vois pas ce que sera mon avenir. Je reste centré sur le coeur et le présent, et j'agis comme je le ressens en remettant ma vie entre les mains de Dieu.

Alors oui, je vis certainement la période la plus redoutée de mon existence, celle où l'on me demande, peut-être, de montrer et d'exprimer ma propre lumière. Reste à savoir comment faire dans ce monde...

 Bernard Buffet - Ulysse et les Sirènes (1993)

Bernard Buffet - Ulysse et les Sirènes (1993)

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Rédigé par Serge Z.

Publié dans #experience energetique spirituelle

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