Publié le 12 Mars 2015

Choisir sa voie spirituelle

De plus en plus de gens qui se questionnent sur les perspectives qu'offre la société finissent tôt ou tard par se tourner, soit vers des thérapies alternatives qui, ils l'espèrent, leur permettra de sortir de leur mal-être soit, portés par une petite voix intérieure, vont chercher leur chemin dans une voie spirituelle. Or, le monde de ce début de XXIeme siècle est devenu un immense supermarché, les milieux "alternatifs" et spirituels n'échappent pas à la règle. Comme dans les autres aspects de la société, on trouve "sur le marché" toutes sortes de voies à travers lesquelles le néophyte peut avoir du mal à s'y retrouver. Non seulement ce monde est consumériste, mais en plus il y règne une énorme confusion de vrai et de faux, qui permet à un peu tout le monde de s'exprimer sur n'importe quel sujet, sans forcément que cette connaissance ou pratique soit vérifiée, authentique, bénéfique ou évolutive. Ce que cet article se propose de donner, ce sont quelques clés pour que la personne qui souhaite s'engager puisse faire son choix, avec quelques critères triés sur le volet.

Sans être exhaustifs, ces critères, qui sont le fruit de plusieurs années d'observation de différentes pratiques et enseignements, devraient permettre de se poser les questions de base pour créer une acuité nécessaire au chemin spirituel : le discernement. Evidemment, ces éléments sont soumis au discernement du lecteur.

évolution, fuite, guérison, bien-être, souci de répandre l'amour et le bien autour de soi,... ?

La première question à se poser est de connaître un minimum la motivation, pour ne pas dire l'aspiration, qui va nous amener sur le chemin. Cette motivation peut se décliner en plusieurs thèmes qui sont non exhaustifs et non exclusifs, plusieurs d'entre eux pouvant se retrouver dans notre démarche :

  • trouver une voie qui permettrait de soigner nos souffrances, pour trouver le bonheur,
  • trouver une voie qui permettrait de fuir et d'oublier nos souffrances,
  • trouver une voie de quiétude et de bien-être, loin des soucis du monde et du stress,
  • trouver une voie d'évolution intérieure, poussé par une aspiration ardente,
  • trouver une voie qui permettrait l'évolution du monde, 
  • trouver de la force intérieure pour répandre le bien autour de soi,
  • trouver l'Amour, la Joie, la Vérité,...
  • avoir la curiosité et la soif de connaître et d'expérimenter
  • vouloir des pouvoirs paranormaux ou supranaturels
  • ...

Selon le cas, on ne se tournera pas vers les mêmes sources. On se tournera vers une thérapie courte, un groupe de parole, un groupe de prière, une voie de bien-être, ou de quiétude ou une voie d'évolution.  Il est fréquent de voir que des personnes croient trouver dans une voie ce qu'elles attendent, sans s'apercevoir que la voie en question ne comblera jamais ces attentes. Ainsi, j'ai connu des personnes qui sont restées plusieurs années dans des groupes cherchant et oeuvrant à l'évolution de l'humain, alors qu'elles même ne cherchaient tout simplement que le bien-être. Le résultat, c'est que la personne finit par quitter le groupe, n'a plus de motivation car elle met tous les chemins dans le même panier et jette le bébé avec l'eau du bain, pour se retrouver au point mort d'une recherche qui ne l'a menée nulle part. On a beau dire que le but est le chemin, ne nous voilons pas la face : les chemins qui nous font tourner en rond et ne mènent nulle part, ça existe. Ces chemins-là ne sont pas le fait d'une voie particulière, quoi que, mais ils sont le résultat de notre manque d'ouverture, de nos croyances, de notre insensibilité, de notre obscurité, de notre facillité à fonctionner comme des moutons... Alors évidemment, on peut apprendre de toutes les expériences que l'on traverse, mais encore faut-il savoir se relever et prendre le recul nécessaire pour tirer des conclusions intelligentes et non des jugements hâtifs.

Mettre au clair sa motivation évitera de perdre du temps, et parfois de l'argent, dans des pratiques qui ne nous correspondent pas. Mais l'on peut aussi ne pas avoir de mots à mettre sur les raisons parfois profondes qui nous poussent vers telle ou telle pratique. Auquel cas, les critères ci-dessous vont compléter notre réflexion. Quel que soit le chemin que l'on veut entreprendre, il faut au préalable correctement se renseigner, aller voir comment il se pratique, qui l'enseigne, comment il se fait enseigner,...et ne pas hésiter à poser des questions : à qui l'enseigne, au groupe de personnes déjà constitué, et sur l'enseignement lui-même.

Il existe des voies de guérison alternatives à la médecine allopathique qui sont également de véritables chemins spirituels menant plus loin que la guérison de nos souffrances. Je citerais par exemple, le reiki, les groupes de prières de Bruno Gröning, le bouddhisme,...et évidemment certains thérapeutes qui proposent de multiples activités qui vont au-delà des pratiques de soins. Mais encore faut-il adhérer et se sentir en phase avec tout cela. On peut parfois s'y perdre.

Un chemin spirituel peut se définir selon trois aspects fondamentaux :

  • l'enseignant
  • l'enseignement
  • l'énergie, encore appelé champ de forces

​Ces éléments ne sont pas forcément en relation les uns avec les autres dans ce que l'on peut rencontrer habituellement. En effet, un enseignant peut être médiocre et porter un enseignement très pointu. Ou au contraire, un enseignement peut se révéler médiocre et pourtant être transmis par un enseignant charismatique, ou l'enseignant et l'enseignement peuvent nous porter aux nues mais sans qu'il y ait par delà une énergie qui soit elle-même intéressante à travailler... Un chemin spirituel authentique est celui qui voit l'enseignant, l'enseignement et l'énergie en unité.

L'énergie spirituelle ou champ de forces

C'est le critère le plus subtil, et certainement le plus difficile à percevoir pour la plupart des gens, mais c'est principalement l'énergie qui porte l'enseignement qui fera que l'on se trouvera dans une voie menant vers les plus hauts sommets de l'esprit ou de l'Etre, ou vers une voie de bien-être, ou dans complètement autre chose.

Lorsque l'on parle d'énergie, soyons clair sur ce que l'on entend. On dit souvent qu'un groupe a une belle énergie, beaucoup de thérapeutes qui font du travail de groupe disent cela. Ce n'est pas que le groupe soit forcément porté par une énergie spirituelle. Ce que cela signifie souvent, c'est que chaque personne du groupe collabore à maintenir l'ambiance recherchée et se trouve dans l'émotionnel adéquat. Le terme énergie fera là plutôt référence au partage émotionnel, à une certaine chaleur humaine qui aura été installée et qui servira les pratiques. On peut rechercher uniquement cette chaleur humaine à travers des pratiques de groupe, ce sera souvent pour se sentir vivre, en relation avec les autres. Non pas que ce soit mal en soi, il n'y a aucun jugement dans ce propos, c'est juste qu'il faut faire la différence entre l'énergie qui est du fait du groupe, et l'énergie qui est transcendante, au-delà de l'humain ordinaire, et dont le travail est d'amener l'individu dans un "autre" état d'existence. On peut se sentir bien avec d'autres personnes et parler de spiritualité sans pour autant être dans un travail de développement intérieur. Comme autre exemple, les méditations de pleine conscience ne véhiculent aucune énergie transcendante. Elles sont une technique de mieux-être pemettant de se libérer du stress, mais comme elles sont laïques, donc extraites de tout contexte bouddhique d'où elles ont été tirées, elles ne véhiculent pas l'énergie du bouddhisme. Or, si le Bouddhisme demande de prendre refuge dans le Dharma (l(enseignement), la Sangha (la communauté des moines) et le Bouddha, c'est qu'il y a une raison que je ne développerai pas ici.

Donc lorsque l'on entre dans une voie, percevoir l'énergie (je parle ici d'une énergie transcendante, qui n'est pas du fait du groupe) qui porte cette voie est d'une extrême importance. Il faut déterminer si cette énergie nous met en phase avec l'appel intérieur, si l'on est en alignement avec elle. C'est très important car c'est elle qui va nous porter sur le chemin de notre transformation. Sans énergie, pas de transformation, ou peu. Or, pour percevoir l'énergie, il faut déjà disposer d'une certaine sensibilité, ce qui n'est pas donné à tout le monde encore. Si l'on ne dispose pas de cette possibilité, alors on pourra interroger l'enseignant, et en dernier recours, le groupe des élèves déjà constitué pourra nous donner quelques renseignements sur leur ressenti et leur parcours dans ce champ de force. Nous estimons que pour percevoir un champ de force et ses premiers effets, une période de 3 mois à 1 an sera le minimum, selon sa sensibilité.

Il faut aussi indiquer que toutes les énergies ne sont pas bonnes à prendre. Certaines peuvent nous mettre dans des états particuliers, exacerbant le chaos intérieur, elles peuvent générer des problèmes tant intérieurs qu'extérieurs ou nous faire gonfler d'orgueil. Tout ce qui brille n'est pas d'or... Un autre point à signaler, c'est si un thérapeute est canal d'une énergie particulière ou s'il utilise son propre magnétisme. Dans ce dernier cas, il faut savoir que le transfert d'énergie d'une personne à une autre n'est pas sans risque et que des problèmes peuvent résulter de ce type de soins.

L'enseignant

D'une façon générale, ce que l'on entend ici par enseignant est la personne que l'on aura rencontrée et qui se chargera de nous accompagner sur le chemin. Cela peut être une personne physique, ce qui est mieux, une lecture ou une vidéo sur internet, ce qui est plus aléatoire car soumis à nos propres interprétations. Il ne s'agit pas forcément d'un "maître". Pour se mettre entre les mains d'un enseignant, celui-ci doit être éprouvé. Eprouvé, mais non jugé. Car quelqu'un peut porter une réalisation tout à fait authentique sans pour autant être celui qu'il nous faut. La pédagogie de son enseignement n'est pas le seul critère de choix. C'est très souvent une relation simple et directe avec lui qui nous amènera à l'écouter, mais non une relation affective. A savoir aussi qu'un enseignant peut utiliser le mental pour transmettre, et s'il est aligné avec l'énergie qu'il véhicule, ses mots porteront l'énergie. 

Donc ici aussi, attention à toute la panoplie de faux gourous en tout genre, nous faisant miroiter monts et merveilles. L'enseignant sincère doit aussi être humble, et savoir ré orienter l'élève en cas de fausse route. A l'inverse, il ne faut pas non plus être toujours sur ses gardes. Autant une certaine prudence s'impose,  autant trop de prudence ne nous aidera pas. L'enseignant qui pourra nous aider sait de quoi il parle, connaît ses possibilités mais aussi ses limites. Il applique l'enseignement qu'il partage. Il transmet sa force de rayonnement. Ceux qui pensent que tous les enseignants doivent être parfaits et sans reproches sont en plein fantasme du sauveur. Ca n'existe pas. L'enseignant qui est honnête a une attitude morale affirmée, une discipline de vie et renvoie également ses élèves à leur propre discernement et leur liberté. Gare à celui qui crée de l'attachement ou de la dépendance ou s'attend à de l'admiration, c'est que derrière se cache un problème qu'il n'a pas résolu et qu'il projette sur ses élèves.

On voit aussi des enseignants très charismatiques. Certain(e)s se posent comme modèle(s), entraînant avec eux de dizaines de milliers de personnes. L'enseignant qui vous dit que vous êtes une personne exceptionnelle, hors du commun, doit être regardé avec la plus grande méfiance : cela peut être une démarche de gonflement de l'ego. Beaucoup de monde a envie de changer le monde, ou de changer de monde. Il faut des personnes qui prennent conscience de multiples choses et qui osent le changement. C'est aussi un fait indéniable que chacun d'entre nous devons faire des efforts et avoir une certaine discipline de vie, une moralité à toute épreuve pour envisager ce changement. Qui n'a pas envie de sortir du lot ? ou de faire quelque chose d'exceptionnel de sa vie ? Jouer sur les désirs et les fantasmes de façon habile peut être difficile à discerner. Pourtant, il est important de regarder si nous ne sommes pas subtilement manipulés par ces personnes qui peuvent apparaître belles ou lumineuses, selon des critères de surface. Le chemin spirituel, celui qui nous emmène vers les hauteurs, n'est pas pavé de roses ni de cailloux blancs. Une transformation intérieure ne se fera pas en un claquement de doigts. Si c'est un développement de la personnalité que vous souhaitez, c'est-à-dire une mise en valeur du moi et de l'ego, alors là encore, ne vous trompez pas de chemin. Le chemin spirituel demande du lâcher prise, de l'humilité, de la sincérité vis-à-vis de nous même, un regard lucide, sans mensonge. Le développement personnel que certains dissimulent sous la dénomination plus flatteuse de chemin spirituel va exacerber certains comportements  qu'un chemin authentique demandera de sacrifier. Le discours que tiendra l'enseignant devrait nous alerter ou nous rassurer en ce sens. Mais là encore, le développement personnel, celui qui nous permettra peut-être de réussir dans ce monde, n'est pas le chemin spirituel. Attention aux vessies que l'on prend pour des lanternes.

L'enseignement

Nous sommes à une époque où l'on n'a quasiment plus besoin de bouger de son fauteuil pour apprendre tout un tas de choses. Ainsi, n'importe qui d'un peu intéressé saura aller chercher de l'information en allant chercher sur internet les renseignements qui lui manquent. Mais cela ne fait pas de ces informations un enseignement pour autant. Car dans un véritable enseignement, ce n'est pas la quantité d'informations qui prime, c'est la pertinence de l'information qui vous sera transmise en fonction de la situation rencontrée.

On trouvera de nombreuses personnes certainement bien informées de tout ce qui existe, mais rares seront celles qui auront dépassé l'enseignement théorique au point d'en faire une expérience vivante. Le véritable enseignement est vivant, il émane de l'enseignant comme une sagesse de vie. En enseignant de la sorte, le "maître" transmet non seulement une information, une sagesse, mais aussi une véritable énergie spirituelle, qui agira sur nous de telle sorte qu'elle nous ouvrira des portes intérieures. Et alors la transformation pourra s'opérer. Enseigner est tout un art que peu savent manier. 

D'une voie à une autre, les enseignements peuvent être très différents. Certains peuvent même s'avérer particulièrement bousculants, et nous ramener brusquement vers nous-même. Là encore, si vous cherchez une voie de bien-être, ces enseignements-là risquent de vous faire particulièrement réagir, et vous faire prendre vos jambes à votre cou. Il faut être conscient que nous ne recherchons pas tous la même chose, et que nous ne sommes pas tous prêts à donner de notre personne. On en revient à la motivation, qui peut évoluer avec le temps et les découvertes successives. On peut vouloir démarrer par une aspiration à la sagesse puis découvrir que c'est davantage une voie de transformation intérieure qui nous permettra de trouver l'accomplissement. Ou l'inverse... Un enseignement qui n'est que mental a en soi peu d'intérêt. Pourquoi vouloir connaître une information qui ne sert pas  ou qui ne peut pas être utilisée parce que nous n'avons pas les moyens de la mettre en pratique ? Le chemin spirituel demande d'être très clair sur les fantasmes qui nous habitent et sur nos désirs, qui appartiennent au moi. Le désir n'est pas l'aspiration. Apprendre des choses qui resteront en périphérie de notre Etre pourra faire de nous une encyclopédie, mais le monde n'a pas besoin de cela. Il faut savoir que l'être humain le plus illétré qui serait ouvert vers l'Absolu peut, sans apprentissage humain, recevoir des connaissances exceptionnelles rendant toute "encyclopédie sur pieds" inutile et obsolète. D'autre part, la sagesse n'est pas proportionnelle à la quantité d'informations que l'on recevra, elle est du fait de l'intelligence que l'on retirera de l'expérience. Enfin, le risque que l'on rencontre le plus souvent, de la part de ceux qui sont allé chercher des enseignements tirés de leur contexte, c'est de créer des syncrétismes qui ne veulent rien dire et qui amèneront davantage de confusion. L'enseignement véritable nous sera donc distillé avec intelligence et pédagogie. Gardons à l'esprit cet adage bien connu : "la science, c'est comme la confiture : moins on en a, plus on l'étale."

Parlons un peu de l'âme

S'il y a bien un sujet sur lequel un nombre considérable de personnes se fait des illusions, c'est bien celui de l'âme. C'est une notion tellement galvaudée et mise à toutes les sauces que l'on finit par se perdre dans la compréhension des mécanismes animiques que les uns et les autres croient avoir compris et font circuler. Cela montre à quel point on est ignorant en la matière.

D'ailleurs, n'oublions jamais que personne en ce monde n'est pure lumière. Nous avons tous toujours des choses à apprendre et multiplier les sources d'enseignements peut être une bonne chose pour ne pas s'enfermer, en faisant attention aux syncrétismes. La spiritualité est d'abord une question d'ouverture, de non jugement et d'abandon des croyances, pour entrer dans une relation directe avec la vie. Ce sont les fondamentaux de la sagesse. 

Tous les enseignements et les pratiques ne travaillent pas sur l'âme. D'ailleurs, il faudrait préciser de quelle âme on parle, car certains enseignements font l'amalgame entre l'âme au sens vital du terme, et l'âme qui est structurée autour de la particule divine en l'homme. L'âme n'est pas non plus le 4eme chakra, celui du coeur, qui gère nos relations au sein de notre conscience. Cet article n'a pas pour but d'approfondir ce sujet mais le lecteur intéressé pourra s'orienter vers la Révélation d'Arès qui, à mon sens, en parle le mieux. Par contre, c'est un enseignement qui remue, c'est clair. Amis en recherche unique de bien-être, mieux vaut vous abstenir de cette lecture.

Il faut seulement avoir à l'esprit que le travail sur l'âme se fait avec des énergies divines pures ou des énergies christiques. Donc un enseignant ou une pratique ne portant pas ces énergies ne travaillera pas sur l'âme. Ce travail bouscule intérieurement, c'est un travail d'évolution intérieure qui nous renvoie au plus profond de nous-même et qui demande par ailleurs un travail de connaissance de soi. On peut être également projeté dans des expériences de vie difficiles, voire même pénibles avant de trouver une quelconque lumière. Donc attention au travail annoncé sur l'âme qui paraîtrait facile. Evolution veut également dire qu'il va falloir regarder son obscurité en face, ce qui n'est pas évident du tout. Il faut juste savoir à quoi s'attendre, du moins en principe car en réalité, on ne peut jamais savoir quelles épreuves nous attendent sur cette route, ou plutôt, ce chemin rocailleux.

Les voies anciennes et les nouvelles voies

Les voies orientales ont leur charme, pour nous occidentaux en manque d'exotisme, car elles sont aussi millénaires et transmises de maître à disciple. Mais un gourou considéré par des millions d'indiens comme un dieu vivant ne sera pas forcément le guide adéquat pour nous. Encore faut-il savoir quelle est sa voie et quelle énergie il véhicule. Car l'Inde est aussi le pays du polythéisme, et un dieu du panthéon indien porté par le gourou en question n'est pas le Divin, au sens où nous, occidentaux judéo chrétiens, l'entendons. Donc une grande prudence s'impose. Car en plus, le gourou va demander une totale soumission, ce qui peut être très mal compris pour nous qui n'avons pas cette culture. D'où des dérives qui existent encore et dont on parle peu, de peur de briser un sens du sacré que l'on souhaiterait préserver, et surtout nos propres croyances.

J. Krishnamurti ou Sri Aurobindo sont des incontournables car les enseignants qu'ils étaient étaient en unité avec leurs enseignements et les énergies qu'ils véhiculaient. C'est comme cela que l'on reconnaît une voie véritable : enseignant, enseignement et énergie sont uns. Ils prônent, chacun à leur manière, une transformation intérieure. Ces deux formes de travail sont complémentaires, mais n'agissent pas de la même façon, et n'ont pas la même orientation. Krishnamurti est plutôt orienté sur un travail individuel, Sri Aurobindo sur un travail collectif de transformation de la conscience. L'attitude intérieure à adopter sera donc différente. Il serait bien de déterminer comment nous aspirons à nous situer pour éviter des allers et retours qui ne serviront ni notre travail, ni l'avancée du monde si tel est notre souhait.

Donc il nous est possible de nous tourner vers les voies millénaires, celles qui sont toujours portées par des maîtres vivants. On en trouve également derrière toutes les religions, comme le soufisme derrière l'islam, ou dans certaines communautés chrétiennes ou juives, le Zen ou autres. Idem avec le bouddhisme, ou l'advaïta vedenta, pour ne citer que celles-là. Or, d'autres possibilités émergent régulièrement, comme pour répondre à l'évolution du monde, ou réémergent suite à la redécouverte d'enseignements oubliés. Je ne parle pas de secte, même si certains groupements peuvent être considérés comme tels par les autorités bien-pensantes. Certes, il y a aussi de vraies sectes, qui tournent autour de gourous auto proclamés qui ont le culte de la personnalité mais on ne se tourne vers une secte, donc à la pensée unique, que si l'on est en manque chronique affectif. C'est toute la difficulté de trouver les voies nouvelles qui soient authentiques, car comme elles sont nouvelles, elles font généralement peur, elles bousculent le connu. Seul notre Etre véritable saura reconnaître la réalité de ces enseignements et des énergies qui sont véhiculées. Les groupes New Age avec leur vocabulaire scientistes peuvent égarer le chercheur sincère et candide, qui rêve de voir sa vie changer en trouvant un nouvel Eden en s'imaginant qu'il suffit de penser à un changement vibratoire pour que notre vie se transforme. Ce n'est pas aussi simple.  Il faut alors aiguiser son discernement pour déceler le vrai du faux et affiner sa motivation pour ne pas se laisser emporter dans ces courants qui n'apportent pas grand-chose, spirituellement parlant. 

Nous avons évoqué les critères qui nous apparaissent comme étant les plus pertinents à déterminer, examinons maintenant ceux que l'on pourrait croire comme étant indispensables pour choisir notre voie mais qui, après examen, ne le sont pas forcément.

La dissolution de l'ego

A moins d'être dans une recherche unique de bien-être, dans une démarche de développement personnel ou dans la recherche de pouvoirs supranormaux (eh oui, il y en a qui recherchent cela...) qui sont au contraire une inflation de l'ego, toute voie normalement constituée tend à une dissolution de l'ego. Ce n'est donc pas forcément le point central sur lequel les enseignements se focaliseront, mais c'est de toutes les manières une étape, voire le but, de toutes véritables pratiques.

Pour en avoir également rencontrés, certains thérapeutes ne parlent que de ça : "ton problème, c'est ton ego !". Dire ça ou rien, c'est pareil, car c'est globalement notre problème à tous et cela n'amène aucune solution. Donc il faut plutôt se renseigner sur le comment, et revenir à la question de l'enseignement. Il y a de multiples manières de transcender l'ego, dont le plus "simple" et la plus directe à mettre en oeuvre, c'est l'humilité, l'amour du prochain, le pardon, se libérer des préjugés, oeuvrer de façon désintéressée pour une cause plus grande... Si on faisait déjà ça, le monde serait un peu plus léger, même si la dissolution de l'ego ne se fait pas en un jour.

L'argent

Pour beaucoup de gens, il faudrait que tout soit gratuit. Donc une voie qui demanderait un peu d'argent à sortir de notre poche pourrait avoir quelque chose de louche. Soyons réaliste. Si un enseignant réclame de l'argent pour sa pratique ou son enseignement, ce n'est pas forcément parce qu'il aime l'argent et qu'il veut s'acheter une voiture de luxe et un appartement de standing. Il faut louer des salles, payer des taxes, des transports, des aides éventuelles pour des manifestations. Il faut aussi s'habiller décemment, se loger et se nourrir, voire subvenir aux besoins de sa famille, de son logement. Il peut aussi vouloir investir dans des oeuvres caritatives, des hôpitaux, des écoles, des livres, des retraites pour personnes engagées... L'argent est une énergie qui devrait circuler, se convertir au bien commun et un minimum pour soi et se partager. Rien d'autre.

Lorsque l'on est prêt à payer 150€ pour un concert de 2h, ce qui enrichit des artistes qui n'apportent qu'un peu de plaisir, et encore pas à tout le monde, on devrait pouvoir donner des centaines d'€ à des personnes qui nous permettent de nous ouvrir à la transcendance, à la sagesse ou au mieux-être. On n'en est pas encore là, certes, mais trouver normal d"enrichir un artiste pour son (éventuel) talent et non un enseignant spirituel lui aussi pour son talent qu'il aura certainement chèrement acquis et qu'il aura eu du mal à partager, c'est faire deux poids deux mesures.

Evidemment, il y a cette notion de dépouillement qui traîne dans les couloirs de la spiritualité, le fantasme du moine errant vivant d'aumône, qui voudrait qu'un enseignant doit vivre de rien et se donner corps et âme à son enseignement... Or, dépouillement signifie non attachement. Un moine errant peut être attaché à son statut de moine errant. Donc même s'il n'a rien sur lui, ou pas grand-chose, son attachement ne sera pas situé à un niveau matériel, mais à un niveau plus subtil. Un enseignant peut être détaché de l'argent, même s'il en a beaucoup. Ca se verra par sa simplicité de vie, sa générosité, sa capacité à ne pas réagir aux fluctuations de son compte en banque, ses oeuvres,... Remettre les pendules à l'heure est nécessaire sur ce sujet car si l'on souhaite une société qui aille mieux, il faut un minimum remettre les choses dans l'ordre.

Les expériences spirituelles

S'il y a bien un critère sur lequel il est nécessaire d'avoir la plus grande vigilance, c'est bien celui-là. On pourrait se dire qu'un chemin qui permet d'avoir des "expériences" permettrait d'atteindre plus rapidement certains états transcendants. Encore faut-il s'entendre sur ce que l'on appelle "expériences spirituelles". Il faut bien prendre conscience que dans l'état de l'humain actuel, notre sensibilité n'est quasiment pas développée, notre conscience est plongée dans l'obscurité et peu d'énergies circulent en nous. Donc lorsque nous sommes baigné dans un champ de forces, nous pouvons ressentir de multiples phénomènes, selon la puissance de celui-ci.

Or, tous les champs de forces ne sont pas bons à prendre. Parfois, ce que l'on peut prendre pour un rêve lucide par exemple peut être généré par une énergie qui ne cherchera qu'à exacerber nos désirs, pour mieux nous emprisonner. Un courant électrique dans la colonne vertébrale n'est pas forcément le signe d'un éveil de kundalini. Un mouvement d'énergie ou une canalisation peut être une entité qui a trouvé là de quoi se satisfaire.  A l'inverse, l'absence de perceptions n'est pas le signe d'une absence de champ de force. Cela pourrait être le signe que les énergies en présence sont tellement subtiles que nous ne les ressentons pas. Mais ce n'est pas pour cela  qu'elles n'agissent pas.

Une énergie qui travaille sur nous de façon profonde et bienfaitrice est harmonisante, même lorsqu'elle travaille sur notre obscurité. Elle ne nous laisse pas "en vrac", ou pas longtemps, ou ne nous met pas dans des états d'incohérence sans un baume qu'elle nous apportera tôt ou tard. Là encore c'est un sujet sur lequel plane une grande ignorance et pour lequel une certaine prudence s'impose. Donc les expériences que l'on peut vivre ne sont pas forcément un critère significatif d'un travail en profondeur et de la qualité d'une pratique ou d'un enseignant.

Les jugements personnels

"Ca me plaît", ou "je n'aime pas" sont des critères subjectifs car liés à soi. Le fait d'être attiré ou non, en se basant sur ses jugements personnels ou ceux d'un autre ne devraient pas apparaître comme un critère prioritaire. 

En effet, on applique généralement le fonctionnement ordinaire du moi à la recherche spirituelle. C'est somme toute relativement normal puisque c'est de là que l'on part. Le moi fonctionne sur la notion de plaisir et de désir. Or, selon nos motivations, si notre recherche est motivée par la transcendance, le moi n'est pas un bon conseiller. Car forcément, il sera mis en difficulté et nous nous retrouverons bousculé alors que nous ne cherchions que le bien-être par exemple. Donc dans ce cas-là, il suffit de ne pas se laisser guider par un plaisir, un désir ou une satisfaction immédiate. Dans une recherche de trancendance, le moteur de notre recherche dépasse ces notions humaines qui, même si elles peuvent être appréciées lorsqu'elles se présentent, ne constituent pas le coeur de notre transformation intérieure. En effet, on ne rejettera pas le plaisir lorsqu'il se présente, mais on ne s'y attachera pas. Dans le cas d'une recherche d'apaisement et de paix intérieure, c'est un peu la même chose. Il arrive que l'agitation qui se trouve en nous se "rebelle" lorsque les énergies en présence tendent à l'apaisement. Auquel cas, il faut rester ferme sur ses motivations et se donner les moyens de dépasser les obstacles que l'on rencontrera et ce, quelle que soit la voie que l'on choisit. On voit fréquemment des personnes dire : "ce n'est pas pour moi." parce qu'elles n'arrivent pas à trouver ce qu'elles cherchent, par exemple la quiétude, car trop de chaos intérieur. Persévérer dans une voie, c'est écouter la voix plus profonde en nous et lui faire confiance. Donc c'est simple, mais pas forcément facile...

La méditation

Tout le monde a entendu parler de "la méditation". Il faut savoir qu'il existe de nombreuses techniques qui ne mènent pas au même résultat. Donc chercher une méthode de méditation sans savoir ce que l'on cherche, c'est comme chercher un véhicule sans savoir ce que l'on veut transporter ni connaître les moyens dont on dispose pour ce faire. La méditation est un outil, au même titre que la relaxation, les techniques de visualisation, ou autres. Commencer par une méditation assise de 45 minutes sans s'être un minimum préparé peut être compliqué. Nous ne sommes pas tous aptes à appréhender cette technique de but en blanc. Donc ce n'est pas un critère de recherche important au premier abord. D'ailleurs, dans le bouddhisme, et contrairement à ce que l'on voit à la télé, la méditation n'est pratiquée que par les moines, pas par les personnes qui n'ont pas fait le voeu d'ascétisme.

Conclusion

Chaque voie a quelque chose à nous apprendre. Même si nous ne restons que peu de temps, il y a toujours moyen de retirer un enseignement de ce par quoi l'on sera passé. Lorsque l'aspiration est sincère et profonde, il n'y a aucun doute que nous finirons par trouver celle qui est faite pour nous. N'oublions pas qu'au final, le chemin spirituel est une succession de retours à soi, toujours plus profonds, qui nous fait l'apparaître comme une spirale. Donc même si vous constatez que vous êtes revenu au point de départ, parce que vous vous seriez trompé de voie, c'est qu'un bout de chemin a tout de même déjà été fait. Vous aurez ainsi pu affiner vos critères de recherche, ce qui sera déjà un enseignement utile. Et parfois, il faut passer par bon nombre d'enseignants, d'enseignements et d'énergies pour trouver la voie qui est faite pour nous.

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Rédigé par Serge Z.

Publié dans #Réflexions

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