Publié le 28 Janvier 2021

Le sens de la vie ou le paradoxe de la liberté

Lorsque l'on arrive à se poser et que l'on réfléchit à notre existence, au sens que cette incarnation peut bien avoir, on peut se demander après quoi l'on court tout le temps. La naissance nous projette dans ce monde avec comme bagage un certain karma. Nous évoluons dans des conditionnements liés à notre éducation et en relation à la société dans laquelle nous sommes né(e). Plein d'énergie, nos jeunes années sont passées à étudier, puis nous fondons un foyer, nous avons un job pour subvenir à nos besoins et ce, sans vraiment trop se poser de questions sur le fondement même de cette vie si éphémère. Pris dans les rouages du système, nous passons la première (ou la plus grande) partie de cette vie à établir des bases et à les consolider, tant que celle-ci ne vient pas casser le rythme par des accidents ou des maladies qui stoppent cette course en avant et nous obligent à lever la tête du guidon. 

Cette description est très archétypale, j'en conviens. Il s'agit juste d'illustrer que "la course" dans laquelle nous sommes entraînés est une course inconsciente vers un but indéfini. Les gnostiques disent que la vie humaine répond au cycle : naître, briller, décroître. Il y a évidemment des personnes d'exceptions, qui peuvent être considérées comme folles par le monde, ou comme courageuses selon le point de vue, qui prennent très tôt une direction totalement autre. Dans une autre civilisation ou une autre époque, ou simplement dans un contexte différent, le schéma serait sans aucun doute bien différent dans la forme, mais pas forcément dans le fond. De ce point de vue, notre marge de manoeuvre ou dit autrement, notre liberté, ne serait presque qu'une simple vue de l'esprit. Car nous croyons posséder les choses, ou nous croyons être libre dans un système défini mais en fait ce sont les choses qui nous possèdent ou le système qui nous maintient en place. Nos conditionnements sont tels, et tellement ancrés, et notre besoin de sécurité est parfois tellement important, que mettre en place un changement de vie différent de celui proposé par le modèle nécessite souvent un gros effort et une sérieuse motivation. Ou un autre chose qui n'est pas de ce monde...

A notre époque, la Terre est malade, l'humanité se déchire, notre technologie nous rend dépendant et malade et d'une façon générale l'avenir semble plutôt sombre. Mais alors, sommes-nous contraints à subir ? Nous voyons bien que la politique ne peut rien changer et en ces temps de pandémie, nous voyons bien que le système peut se sentir dépassé, voire obsolète. D'ailleurs, la Révélation d'Arès nous le dit depuis longtemps. Les bonnes intentions sont gentilles mais les actions ne portent pas ou peu. L'ampleur des problèmes est tellement importante que nous restons souvent abasourdi(e)s par les événements qui s'enchaînent de plus en plus rapidement et le petit être humain que nous sommes, perdu dans la masse, se sent souvent écrasé par le poids des problèmes. Il faut être dans le déni complet pour ne pas se rendre compte que nous sommes dans les temps de la fin et que ça devient de plus en plus difficile de s'accrocher à quelque chose de solide. A l'inverse, il est vrai que n'avoir que cette vision sous les yeux à longueur de journée peut rendre dépressif voire suicidaire. D'où un certain cynisme que l'on voit sur les réseaux sociaux par exemple, ou alors une dissonance cognitive sur notre réalité de la part d'esprits bien-pensants retranchés derrière les fondements d'une société dans le déclin qu'eux seuls ne souhaietraient certainement pas changer.

Où est notre liberté dans tout cela et quel sens peut bien avoir notre existence ? C'est une question de toujours, qui, selon moi, prend un sens plus aigu aujourd'hui. Certains enfants se posent même la question de savoir dans quel état sera le monde dans 30 ans et s'ils pourront y vivre encore. Mais alors que n'avons-nous pas compris pour que notre monde soit à ce point si défiguré ? Sans vouloir rentrer dans des analyses de haut vol, mon humble réponse se base sur un constat que je suis loin d'être le seul à faire : le monde extérieur est le reflet de notre état intérieur. L'être humain est une friche polluée d'énergies bloquées, de croyances non recyclées, d'un esprit engourdi, soumis à ses instincts grégaires de violence, de haine, de conflits. La conscience de masse a un poids terrible sur l'individu, et chaque individu alimente cette conscience de masse. Nous sommes soumis à cette conscience de masse souvent bien davantage que nous ne voulons parfois l'admettre. Prenons juste un seul exemple : la manière dont nous sommes habillé. L'habit est souvent un reflet social, une manière de se définir au regard des autres. L'éducation, les convenances, même nos goûts sont le plus souvent définis et formatés par les autres, ou en fonction des autres, en accord ou par rébellion, ce qui revient au même. Si dans notre manière de nous vêtir nous répondons à un certain code de société, c'est parce que celui-ci est subordonné à une conscience de masse dans laquelle nous sommes fusionné et conditionné, une conscience figée sur des modèles et des normes. Et personne n'y échappe. Alors évidemment c'est tout de même un peu plus fin et complexe que cela, j'en conviens. Ce que je veux illustrer par cet exemple, c'est le poids de cette conscience qui définit nos comportements. Cela pour illustrer à quel point nous ne sommes véritablement pas libres, même si intrinsèquement nous sommes totalement libres ! Paradoxe ? Il suffit de regarder à l'intérieur de soi pour voir toutes les chaînes, les entraves, les murs, les parties inaccomplies, voire malpropres, pour s'apercevoir à quel point notre réalité intérieure révèle bien peu de lumière, même si tout n'est pas totalement sombre. Mais rien ne nous oblige à subir tout cela, et le premier acte de liberté à poser, c'est de vouloir en sortir. Mais ce n'est pas une liberté de l'ego, c'est une liberté de l'âme ! Car la voie pour sortir de ces conditionnements ne passe pas par la conscience seule, mais par cet élément "orthogonal" qu'est ce potentiel d'âme en nous, parcelle du Divin. 

C'est le paradoxe de la liberté telle que l'être humain la vit en ce moment. En fait nous ne prenons pas notre liberté individuelle véritable, en tous cas pas complètement, nous la délaissons au profit du groupe ou pire, par inertie, ou par torpeur face à ce monde, ou par dépit, nous nous laissons aller au cours de la Vie qui n'est pas, et de loin, un long fleuve tranquille. Cela peut apparaître comme curieux pour un observateur extérieur (non humain), mais nous semblons préférer une liberté contrainte et facile plutôt qu'une liberté absolue qui demande de mobiliser une autre énergie. Pourquoi ? Tout simplement parce que nous ne nous donnons pas les moyens adéquats pour en sortir et pour découvrir autre chose que ce que nous croyons être. Certes, être libre, ça peut faire peur. Il faut bien prendre conscience que nous fonctionnons encore trop comme des enfants vis-à-vis du monde alentour, car nous choisissons, souvent inconsciemment, d'en être dépendant. Plutôt que de regarder nos peurs en face, nous préférons les fuir. Ca ne veut pas dire pour autant qu'il faille s'isoler et recommencer une vie sur d'autres bases. Tant que l'on ne résout pas notre karma, ce ne serait que fuite ou reconstruction d'une vie sur des bases non renouvelées; donc il est fort probable que l'on aboutisse plus ou moins au même résultat. D'ailleurs, on peut raisonnablement se poser la question de savoir si l'être humain à vraiment évolué (intérieurement parlant) depuis le début de son histoire*. Pour prendre notre liberté à bras-le-corps, il n'y a que par l'âme que ça puisse se faire. L'idée qu'il faille attendre d'un pouvoir public ou extérieur de nous libérer de nos chaînes n'est que fantasme. Le premier pas de la liberté est de se tourner vers l'intérieur, d'entreprendre le chantier de notre renouveau et de permettre à ce qui fait de nous des êtres véritablement humains d'évoluer.

Les religions parlent beaucoup de l'âme et certains diront qu'elles n'ont pas vraiment réussi leur job de sortir l'humanité de sa condition, voire même, ce serait plutôt l'inverse. L'âme, c'est un aspect qui se vit, et l'on ne peut se rendre compte de sa puissance que si on la laisse naître à elle-même d'abord, puis que l'on comprenne comment lui laisser le champ libre pour grandir et prendre la place qui lui revient, c'est-à-dire la place centrale ! Les mots sont bien faibles pour exprimer sa véritable puissance. Or, je dirais que l'on dispose de tout le matériel nécessaire pour qu'elle puisse commencer à s'exprimer, et en cela, les livres saints nous donnent de nombreux éléments, clairs et identifiés : le Sermon sur la Montagne, le Décalogue, certaines sourates du Coran, la Révélation d'Arès, sont autant d'enseignements qui contiennent une nourriture à intégrer pour permettre à notre âme de naître à elle-même et de déployer ses ailes.

Si nous ne réalisons pas à quel point ce travail devrait être le sens de notre existence sur Terre, ce n'est pas une fois mort (corporellement parlant) que l'on pourra le mettre en oeuvre. Les mondes de l'au-delà ne nous permettront pas de le faire. Sans vouloir effrayer - mais ne nous dit-on pas qu'il faut craindre Dieu ? - il faut savoir que la souffrance des spectres, qui sont la résultante d'une lente décomposition de notre conscience, est perpétuelle. Le corps est comme une éponge qui, temporairement du moins, absorbe nos distorsions, nos encombrements et toutes les scories de notre conscience, jusqu'à parfois nous en rendre malade, surtout lorsque nous vieillissons, c'est-à-dire lorsque notre énergie de vie décline. Une fois séparé de lui, nous sommes face à nous-même, à notre réalité, celle que nous fuyons à longueur de journée et jour après jour, ou pire, celle que consciemment ou non, nous alimentons. Tous ces actes, petits ou grands, qui sont le fruit des choix d'une conscience soumise à l'ego ne viennent qu'alimenter notre obscurité. Or, lorsque l'âme déploie ses ailes, ce travail d'intégration est fait en conscience, et permet de gagner en intelligence, redressant ainsi lentement mais sûrement tout ce que nous lui offrons de nous. C'est lorsque nous intégrons notre obscurité que nous pouvons alors nous repentir de nos actions et grandir, et découvrir alors à quel point nous sommes toujours libre et à chaque fois neuf. Certes, ce n'est pas facile de regarder en face ce personnage que nous croyons être et d'accepter qu'il a pu faire du mal. Car pendant la phase d'intégration, tous nos actes manqués et les souffrances générées nous sautent au visage. Je peux témoigner à quel point ceci est difficle à regarder et quelle leçon d'humilité nous prenons alors ! Imaginez juste un instant que tout ceci nous torture chaque seconde. Eh bien c'est cela vivre en spectre, car alors il n'y a plus le filtre du corps... Lorsque l'âme est active et qu'elle a pu grandir en nous à travers notre vie terrestre, elle peut tout au contraire poursuivre son développement dans des sphères qui lui sont adaptées. Alors on pourrait poser la question du sens de la vie de la façon suivante : comment ne pas devenir un spectre ? Et donc comment grandir en Amour (car le développement de l'âme est le développement de l'Amour) si nous restons figés sur nos cristallisations égotiques et notre obscurité ? Comment devenir véritablement humain tant que nous restons cachés derrière le voile de nos mensonges, de nos dénis, de notre ego ? Et à plus grande échelle, comment imaginer pouvoir changer ce monde si nous ne prenons pas notre responsabilité individuelle et tant que nous ne prenons pas notre liberté à bras-le-corps pour sortir de notre condition ? Quel sens a la Vie si nous ne nous donnons pas cette opportunité ?

Le changement collectif ne peut passer que par le changement individuel. L'âme active se nourrit de la lumière divine qui entre dans notre système individuel pour briser nos chaînes et nous permettre de prendre conscience que notre état de vie n'est pas aligné avec la Vie telle que nous devrions la vivre, telle qu'elle a été préparée pour nous. Alors que dire au niveau collectif ? Lorsque notre âme est active et qu'elle intègre notre conscience, nous changeons, en bien évidemment, nous devenons neuf, et notre regard sur le monde change, avec la possibilité de solutions nouvelles, totalement disruptives avec ce qu'une conscience basée sur l'ego pourrait imaginer. Car l'ego ne se base que sur le connu. Et le futur, qu'il soit individuel ou collectif, n'est plus alors la continuité du passé. Il n'est pas non plus quelque chose que l'on pourrait idéaliser. C'est l'ego qui nous amène à voir les choses de cette façon. Il s'agit donc de mettre en oeuvre autre chose, et pour cela, cela commence maintenant, à chaque instant, sur la base d'une liberté dont nous disposons déjà, car elle est inhérente à notre nature.  

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* notre évolution s'est faite par le développement du mental au profit de l'âme, et donc avec un développement et une cristallisation de l'ego de plus en plus importante au fil du temps

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Rédigé par Serge Z.

Publié dans #Réflexions

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