Publié le 2 Février 2014

La vie n'est faite que de rencontres et c'est à travers elles que le chemin se dessine, pour que la rencontre suprême, celle qui se fait à l'intérieur de soi, puisse se faire et entrer en expansion. En fait, ce que je décris principalement depuis le début de ce blog est certes des expériences mais ce sont surtout des rencontres : rencontres avec des personnes et des êtres, avec des enseignements, avec des énergies, avec d'autres chemins,... L'autre, quel qu'il soit, ou quoi que ce soit, nous construit, si nous savons apprendre, car que serait l'être humain s'il était seul au monde, nu, et dans un univers vide et stérile ? Rien ! Alors cet "autre" prend une dimension sacrée car il nous révèle et nous enseigne, souvent malgré lui, et c'est alors toute la vie qui devient sacrée car chaque expérience, qu'elle soit bonne, mauvaise ou neutre est une possibilité de nous révéler à nous-même. Et c'est la qualité de cette rencontre, sa qualité de présence, de silence, de partage, dans la puissance de l'instant, qui éveille et renvoie à soi-même. Lorsque l'on a compris cela, chacun, chaque évènement et chaque chose porte en lui la raison même de cette rencontre, sur le ou les plans qui lui sont propres et auxquels nous pouvons avoir accès. Ainsi, la richesse de notre vie ne dépend que de l'ouverture qu'est la nôtre. Une nouvelle ouverture en soi et c'est toute notre vie et nos relations que l'on peut reconsidérer. Il y a donc inter relations permanentes et apprentissage permanent dans l'environnement dans lequel on évolue, et renaissance permanente dès lors que l'on accueille chaque seconde comme une nouvelle rencontre.

Je vais décrire ici quelques rencontres triées sur le volet, qui se sont produites au gré de mes recherches dans la période où mon principal objectif était de retrouver de l'énergie pour me relever. Je les appelle "instantanés" car elles ne se sont produites qu'une seule fois et ne sont pas le produit d'un travail comme j'ai pu le décrire depuis le début de ce blog, et que je continuerai à faire par la suite. Ces rencontres d'éternité qui se sont produites dans l'instant, bref ou un peu plus long au regard d'homme, un peu comme ces photos "instantanées" que l'on prend quasi sans réfléchir, sont restées profondément gravées en moi, ouvrant à chaque fois davantage le champ des possibles, de l'expérience et de l'enseignement.

Certaines d'entre elles ont été des occasions initiées par mes soins et se sont faites avec des personnes physiques, d'autres l'ont été sur un plan subtil, en réponse parfois à des appels intérieurs. Je les décris les unes à la suite des autres mais elles ne se sont pas faites dans cet ordre. Le regroupement effectué ici est plutôt conçu pour une facilité de lecture. Il y a aussi une certaine logique dans la façon de les appréhender.
Une autre chose à noter : les conclusions que je tire sont le fait de ma propre observation et ne tiennent qu'à moi. J'invite donc le lecteur à prendre le recul nécessaire, ici, comme dans chaque article, dans la lecture de ce qui suit. 

Rencontre avec l'enseignement de Salim Michaël

S'il y a bien une rencontre qui a été des plus étranges, c'est bien celle-là. Dans la période où je n'avais plus d'activités et avant de reprendre un job en entreprise, au gré de surf internet, je tombe un jour sur la personne de Salim Michaël, un homme initialement illétré mais autodidacte qui s'est retrouvé être un virtuose du violon, et qui a réalisé une forme d'éveil proche de celle du Bouddha. Son approche était fort intéressante. Il proposait des pratiques sur le son intérieur, le Nada, et sur des exercices de pleine conscience. Un de ses ouvrages, qui m'a attiré le plus, est intitulé "Les Obstacles à l’illumination et à la libération" aux Éditions Guy Trédaniel. Compte tenu de la période que je vivais, tous les éléments dont je pouvais tirer profit et qui pouvaient me permettre d'échapper ou de dépasser mon état étaient tous bons à prendre.

Comme il ne se déplaçait plus depuis longtemps, il avait chargé une de ses élèves de propager son enseignement et les pratiques qu'il avait mis au point pour atteindre un état de méditation profond. C'est donc cette personne qui a répondu au mail que j'ai envoyé pour participer à un stage qui se passait dans un monastère situé dans les Ardennes belges.

L'endroit était particulièrement propice au recueillement, la chapelle était d'une singulière austérité qui ramenait inévitablement à soi, une très belle lumière y pénétrait par les vitraux et l'éclairait de mille feux. Comme l'hébergement se situait dans des locaux accollés à l'abbaye, j'allais méditer dès que je pouvais à cet endroit. L'animatrice arriva peu de temps après moi le vendredi soir. De mon côté, j'avais déjà visité les lieux et fais connaissance avec quelques personnes, mais aucune de celles que je rencontrais n'était inscrite à ce stage. Qu'à cela ne tienne, je me disais que les autres participants arriveraient plus tard ou tout au moins, le samedi matin avant les pratiques.

Le lendemain, démarrage à 10h, je me présente devant la salle allouée pour le we et j'attends. L'animatrice arrive, me fait entrer et referme la porte derrière moi. Première surprise, je suis seul à m'être inscrit ! On se présente rapidement puis elle me demande de fermer les yeux pour démarrer les pratiques. Je m'exécute, son air un peu austère et peu ouvert m'avait déjà un peu étonné mais pas outre mesure, en tous cas elle ne donnait pas trop envie de discuter. Cette première pratique consistait en une méditation et un centrage. Puis après peut-être 40 minutes de méditation, nous entamons la seconde pratique que j'ai trouvée pour le moins curieuse. Il s'agissait de mouvements qui ressemblaient à une danse rythmique, mais avec des mouvements désynchronisés : le bras droit fait un mouvement, le gauche un autre, le pied droit tape 2 fois le sol toutes les trois mesures, puis trois fois le reste du temps, idem pour la jambe gauche en alternance de la droite, ou des trucs de ce genre, et ce, sur une musique de type tribale. La troisième forme de pratiques consistait à entrer en conscience profonde de nos mouvements à travers toutes les activités quotidiennes : marcher, manger, dormir,... Et donc, de temps en temps, nous nous promenions ou faisions des choses ordinaires mais à la vitesse la plus lente que nous puissions tenir, en fixant notre attention sur le moindre de nos gestes ! Et là, j'ai vraiment eu des difficultés à me retenir d'exploser de rire. Imaginez descendre un escalier ou vous promener dans une cour d'abbaye, avec des gens qui passent autour de vous à vitesse normale, et vous à vitesse petit v... C'est pour le moins déstabilisant !

En fait, pour la petite histoire, j'avais vu arriver l'animatrice le vendredi soir, dans une vieille voiture fumeuse. Quand je l'ai vue sortir, elle marchait très lentement. Lorsqu'elle a regardé sa montre, elle s'est arrêtée, a levé son bras lentement, puis l'a redescendu encore plus lentement, et a repris son chemin tout aussi lentement. Le stage n'avait pas encore démarré mais je me disais bien que cet étre étrangement lent ne serait pas complètement étranger au we que j'allais passer.

Le samedi après-midi, j'étais heureux de voir arriver un autre stagiaire mais il n'est resté qu'une demi journée, le temps de faire les pratiques de l'après-midi. Et donc le we s'est passé à alterner ces pratiques, avec davantage de complexité dans la danse rythmique au fur et à mesure que le we avançait.

La troisième surprise de ce stage tient au fait que contrairement à ce que j'avais connu auparavant, et ce que j'allais connaître par ailleurs, et contrairement à ce que j'attendais, c'est le seul stage où aucune énergie n'était présente. Et ce n'est pas parce que moi-même j'étais dans un état énergétique plutôt instable et que je n'arrivais pas à percevoir. J'ai eu bon sonder, et me concentrer pour essayer de ressentir les énergies en présence, il n'y avait pas d'énergie, pas de supraconscience en oeuvre, pas de présence, pas de silence. Donc les pratiques n'étaient que mentales, certes pour essayer de déconnecter le mental du corps, mais aucun élément transcendant n'était présent, tout simplement parce que l'animatrice ne véhiculait rien de ce genre.

Je raconte cette expérience sur le ton de la plaisanterie, mais comme toutes les expériences et rencontres par lesquelles j'ai pu passer, celle-ci m'a fait beaucoup réfléchir et m'a apporté un certain nombre d'enseignements. Parmi ceux-ci, je vais expliquer deux points importants : l'un concernant la pleine conscience, l'autre concernant l'enseignement.

Les exercices de pleine conscience sont principalement issus du Bouddhisme originel et se sont perpétués au fil des siècles par des transmissions de maîtres à disciples dans nombre de courants. On retrouve par exemple la marche lente dans le Zen Soto; la plupart des traditions bouddhistes d'aujourd'hui proposent des exercices de pleine conscience pour acquérir et approfondir la vigilance. Les exercices de lenteur proposés ici ne peuvent permettre d'atteindre un certain degré de vigilance que si un certain degré de vigilance est déjà établi à l'intérieur de soi. Ce qui veut dire que la lenteur est une conséquence de la vigilance, cela peut difficilement être l'inverse. D'ailleurs, c'est de cette façon que sont abordés les arts martiaux internes. On ne se force pas à la lenteur, on y est amené par la vigilance que l'on apporte aux mouvements. Et d'ailleurs, parler de lenteur n'est pas forcément juste. Il s'agit plutôt de précision et de souplesse dans les gestes et les mouvements, on ralentit naturellement sans être pour autant amorphe ou atonique. Remarquez que quelqu'un qui n'est pas vigilant et présent à lui-même peut avoir des mouvements saccadés, il peut aussi se cogner régulièrement, avoir des mouvements automatiques ou ne pas être synchronisé et coordonné dans ses mouvements, et ce, même s'il fonctionne lentement. La justesse des mouvements s'acquière par la pratique d'une vigilance qui se fait d'instant en instant, le reste en est une conséquence, quelle que soit la vitesse à laquelle nous pouvons bouger. 

Ce qui m'amène à cette réflexion sur la qualité d'un enseignant, et principalement d'un enseignant qui se dit spirituel. Le cas que je décris ici est symptomatique de quelqu'un qui veut bien faire, sans aucun doute, et qui a appris certainement depuis longtemps pour pouvoir retransmettre quelque chose. Mais la bonne volonté ne suffit pas, ni même les années d'expérience et de pratiques auprès de "maîtres" ou de personnes "spéciales". Il faut non seulement avoir intégré les pratiques que l'on veut transmettre, évidemment, mais aussi il faut avoir une certaine force de rayonnement, rayonnement qui ne soit pas issu d'un ego surdimensionné comme on peut en voir autant qu'on veut à la télévision, mais une force de rayonnement qui vienne d'une partie transcendantale au-delà de soi et que l'on porte en soi. Cette force, qui n'est pas le "moi", même si le moi peut encore être là, doit porter l'enseignement, et doit pouvoir se transmettre au moins à travers l'enseignement, au mieux à travers l'ensemble de la personne elle-même. Et enseigner est se mettre au service de l'autre, on n'enseigne pas pour soi-même. Mais ces conditions ne sont pas encore suffisantes pour faire un bon enseignant. Les rencontres suivantes sont d'autres exemples qui sont venus alimenter et enrichir cette réflexion.

Je vais juste terminer en indiquant que la réalisation de Salim Michaël est, par contre, tout à fait authentique. Le lecteur dont la sensibilité est développée devrait être capable de percevoir la supraconscience qui émane des vidéos qui ont été enregistrées et qui se trouvent sur le site qui lui est consacré. En entrant en contact avec cette intelligence, les exercices proposés prennent un autre sens et une autre dimension.

PS1 : le site où l'on peut trouver des informations sur les enseignements de Salim Michaël est : http://meditation-presence.com

PS2 : j'ai retrouvé un peu par hasard dans le film "rencontre avec des hommes remarquables" des exercices de danse rythmique assez similaires à ce que je décris ici, à partir d'1h30 du film. Ce film qui raconte la vie de Gurdjieff amène aussi quelques réflexions intéressantes. En voici le lien :http://www.youtube.com/watch?v=vZ_ycTK0ZOE

Instantanés...
Rencontre avec l'enseignement du groupe Présence

J'avais déjà entendu parler de ce groupe de personnes un peu avant de les rencontrer. Je savais qu'ils oeuvraient ensemble pour transmettre un enseignement spirituel en conférences publiques, et, si ma mémoire est bonne, un autre de leurs objectifs étaient de pouvoir accompagner les personnes à la fois par des dialogues individuels mais aussi en transmettant des messages individuels reçus par chanelling.

Je n'étais pas spécialement intéressé pour aller les écouter mais une amie insista pour que je l'accompagne et que je puisse lui donner mes impressions. Je me rendis donc avec elle le jour d'une conférence publique sur Lille.

Nous étions cinq personnes à être venus l'écouter. La salle pouvait largement accueillir une quarantaine de personnes, autant dire qu'il n'y avait personne. Une femme assise au premier rang s'occupait d'enregistrer la conférence et de la vente d'ouvrages. Le conférencier était assis sur une chaise face à nous. Lorsque l'heure de débuter fut venue, il commença à parler en nous précisant qu'il fallait prendre le temps de l'écouter jusqu'à ce qu'il indique qu'il était temps de poser nos questions, si nous en avions.

Je ne me souviens plus la première phrase sur laquelle l'ensemble du discours s'appuyait, mais je me souviens par contre que je n'étais pas d'accord avec le constat qu'il faisait et qu'il énonçait en préambule. Je me souviens vaguement que c'était une généralité sur les "chercheurs spirituels", que j'aurais aimé comprendre et approfondir mais pour cela, il fallait attendre la fin. D'un constat qui me semblait faux, le reste du discours perdait sa consistance, à mes yeux du moins. Je me suis donc davantage concentré sur les perceptions dont je vais dire quelques mots.

Deux choses m'ont frappées. La première est qu'il y avait une nette présence au niveau du coeur. Pour les personnes qui ne sauraient pas ce que cela signifie, cela se manifeste par une chaleur derrière le sternum et disons, par une concentration d'énergie. Cela me garantissait donc qu'il y avait bien une "présence" (le nom du groupe était donc bien choisi) et que par l'expression verbale du conférencier, cette présence pouvait se révéler en chaque auditeur. Mais cette présence-là est statique; le mieux que je pourrais exprimer serait de dire que c'est une "révélation d'être". La seconde chose est que le conférencier ne parlait pas à partir de cette présence, mais à partir de la tête, et c'est à mon avis pour cela que la présence dans le coeur n'était pas dynamique. Mais cela peut être pour d'autres raisons. Je me suis interrogé pour savoir s'il ressentait cette présence en lui et comment il la vivait mais là encore, il fallait que j'attende les questions.

Après plus d'une heure de monologue vint le tant attendu moment des questions. Les autres personnes assises plus près de lui se sont précipitées en premier pour l'interroger. Puis l'amie que j'accompagnais posa elle aussi une question à laquelle il répondit assez longuement. Enfin je posais à mon tour la première question qui me taraudait depuis le début quand il s'arrêta net pour dire qu'il n'y avait plus de place pour enregistrer ses réponses sur le support ! Il n'ouvrit plus la bouche ensuite, même après lui avoir demandé de bien vouloir répondre à mes questions "off line", puis il s'éclipsa. Véridique tout autant que stupéfiant !

Je ne connais pas les raisons profondes de ce comportement assez brutal que je ne juge d'ailleurs pas. Je ne me base que sur ce que j'ai vécu ce soir-là, ce qui n'est peut-être pas significatif d'un comportement général. Mais lorsque l'on est, ou lorsque l'on se dit être au service, on va jusqu'au bout de la démarche. Là, j'ai plutôt eu l'impression qu'il se parlait à lui-même et qu'il n'avait pas grand-chose à faire du public. Je me trompe peut-être et peut-être même que cette personne a aidé plein de gens, je ne sais pas. Toujours est-il que cette courte expérience m'a amené cette réflexion : bien que l'on ait pu vivre une révélation ou une ouverture profonde, tant que l'ego est toujours présent, comme le dit l'évangile "au pays des aveugles, les borgnes sont rois". Et c'est bien là qu'est la difficulté d'enseigner lorsque notre compréhension n'a pas dépassé le stade de l'ego. Non pas qu'il faille forcément attendre de l'avoir dissout pour transmettre quelque chose, ce que j'ai d'ailleurs moi-même fait, mais il faut bien prendre conscience que l'on n'est pas à l'abri de causer des perturbations, voire même des dégâts. J'ai rencontré d'autres "borgnes" par la suite. Certains, bien que portant une force et une présence dynamiques et évolutives, pouvaient se retrouver être de très puissants manipulateurs, magnétiques au pont de créer des groupes centrés sur leur personne (je ne dis pas que c'est son cas). La démarche de l'enseignement est avant toute chose une démarche dans l'humilité; non pas une humilité feinte ou singée, mais une véritable humilité basée sur une profonde et unifiée sincérité du coeur et du moi intégré. Si l'on n'est pas dans cette orientation intérieure, il est fort probable que la démarche d'enseignement ne serve que nos intérêts propres, ou qu'elle soit en grande partie soumise à nos états instables et chaotiques, donc non intégrés. C'est le piège majeur de celui ou celle qui, même partant d'une démarche honnête de service, peut se retrouver pris dans son propre chaos sans le voir venir, et y entrainer les personnes non vigilantes qui auront su lui fait confiance.

Donc concernant cette expérience, je ne peux en dire tellement plus. Je suis resté sur une certaine frustration de ne pas avoir pu creuser un mode de fonctionnement qui me paraissait initialement intéressant.

J'ai par ailleurs eu l'occasion d'aller écouter Stephen Jourdain qui est un exemple tout à fait différent de ce que j'ai exprimé auparavant sur la transmission et l'enseignement. Sa démarche était tout autre.

Rencontre avec Stephen Jourdain

Je suis allé à cette conférence de Stephen Jourdain un we où j'avais également prévu d'aller voir une amie à Paris. Arrivé en avance à l'endroit où il donnait cette conférence, je vois cet homme de plus de 80 ans arriver peu de temps après moi. Dans le hall d'entrée, nous attendions l'organisateur de la rencontre, ce qui m'a laissé un peu de temps pour l'observer.

Malgré son âge, c'était quelqu'un de très vif. Les cheveux blancs comme neige ébourrifés, une cigarette aux lèvres, il ne tenait pas en place. Il faisait des allers retours dans le hall, s'arrêtait, tirer une ou deux bouffées sur sa cigarette, puis repartait, marmonait quelques mots, maugréait contre la machine à café avec un fort accent de titi parisien, puis reprenait ses allers et retours... Rien ne le distinguait d'une autre personne mis à part qu'il se tenait droit, je sentais une grande dignité émaner de ce personnage, quelque chose de profond. Car Stephen Jourdain, Steve, était vraiment un personnage, j'ai pu m'en rendre compte par la suite.

On pouvait dire de lui que c'était une "pile électrique". Il était toujours en mouvement. Une fois finie une cigarette, il en prenait une autre, faisant fi de l'interdiction de fumer dans la salle, interdiction dont il se moquait royalement. Il qualifiait la phrase qui se trouve sur les paquets de cigarette "Fumer tue" comme "prodigieux de concision" et que c'est "dans une pissotière publique" qu'il avait estimé que c'était également d'une "grande poésie". Voilà un peu pour planter le cadre du personnage.

Quelques mots sur son message spirituel. J'ai lu quelques ouvrages de Stephen Jourdain et à chaque fois la même chose m'a frappée : si sa forme de réalisation semblait réelle et profonde, elle m'apparaissait comme étant fermée sur elle-même; je vais expliquer. Cela s'est confirmé lors de cette conférence, une forte présence dans le coeur se manifestait à chaque lecture. En étant en sa présence, j'ai perçu que celle-ci était dynamique et qu'elle se manifestait comme un train d'ondes circulaires qui part de très profondément dans le coeur et se propage vers l'extérieur en s'agrandissant, un peu comme feraient des ronds de fumée, mais de façon plus dynamique. Puis une fois ce train extériorisé, un moment de silence, plus ou moins long, puis de nouveau un train d'ondes circulaires du fond vers le devant. A chaque fois qu'un train d'ondes démarrait dans le coeur, il commençait à s'exprimer, puis il parlait, tant qu'il y avait activité du coeur. Une fois les ondes extériorisées, silence du coeur et de la parole. Et c'est bien l'activité du coeur qui présidait à la parole et non l'inverse, preuve que la parole procédait bien d'une activité de son Être. Donc il parlait pour ainsi dire par flashs. Sa parole jaillissait tel un éclair, avec beaucoup de subtilité, de précision et de poésie, spirituelle ou païenne selon le cas, dans une grande recherche du mot juste pour exprimer l'idée juste. Mais ce qui m'a le plus surpris, c'est qu'il ne parlait que de lui-même, que de sa réalisation, que de son vécu. J'ai retrouvé ici exactement ce qu'il exprimait par les livres. A tel point qu'une dame dans le public, d'ailleurs assez peu nomberux, lui a demandé : "Mais Steve, que faites-vous pour transmettre ? Que faites-vous pour l'autre ?". Et à cette simple question, il n'avait pas de réponse. Son message était "d'être, d'être de façon passionnée et entière, de la même façon que lui avait cherché à plonger dans le mystère d'Être et qu'il s'était trouvé", puis après un temps de silence, il évoqua la notion de "se devenir" qu'il semblait à peine découvrir... Il a avoué lors de cette conférence, et face à la souffrance manifeste de cette dame, ne finalement jamais s'être intéressé à élaborer quelque technique que ce soit pour transmettre, et que là avait-il peut-être mis de côté quelque chose d'important. Il y avait vraiment du désarroi de part et d'autre, un intense moment d'émotions. Le silence était lourd, jusqu'à ce qu'il le rompe en avouant humblement son manque d'action en ce domaine et qu'il reprenne la description poétique de son êtreté. 

"On ne se sauve pas sans sauver les autres" nous dit la Révélation d'Arès. Stephen Jourdain a certes témoigné, d'ailleurs pendant presque 40 ans, mais il n'a pas transmis. Il a peut-être impulsé une dynamique à quelques personnes, mais de mon humble avis, il ne s'est pas mis au service par souci de l'autre. D'ailleurs, avait-il réellement le souci de l'autre ? Certes, il a découvert l'unicité des coeurs par la révélation profonde que son état d'être était commun à l'humanité. D'autre part, il n'était pas l'initiateur de ses conférences. On le sollicitait et il venait. Et au-delà de cela, il est même dommage qu'il n'ait pas poursuivi son travail intérieur pour le pousser au plus loin. En cela, j'estime qu'il a perdu son temps. Je peux apparaître certainement dur au lecteur profane qui peut trouver qu'arrivé à cet état peut être "déjà pas mal". Car Il est certes important de régler le problème de l'ego, mais il l'est tout autant de régler le problème de l'humain. Car Steve était certes éveillé, au sens commun vague que cela peut suggérer, mais il n'était pas pour autant libéré de ses pulsions ou d'émotions profondément enfouies. Il s'est arrêté à une réalisation, intéressante s'il en est, mais s'arrêter est mourrir. Et il ne faisait que se contempler. C'est, pour moi en tous cas, comme s'il avait placé son ego ailleurs que dans la tête...

Un dernier point à propos de cette rencontre. En préambule de la conférence, il racontait qu'il était allé en Inde, dans le sanctuaire de Ramana Maharshi. Il racontait qu'il y était resté quelques jours, qu'il s'était promené là et qu'il avait médité de temps à autres. Je lui ai demandé s'il avait perçu quelque chose, une force, ou s'il s'était passé quelque chose de particulier en lui... Ni l'un ni l'autre. Comme quoi on peut avoir réalisé quelque chose de profond et ne pas avoir de sensibilité. J'apprenais donc que réalisation et sensibilité ne sont pas en corrélation.

En définitive, la rencontre avec Stephen Jourdain a été intense et enrichissante, et éminemment drôle. Mais il ne pouvait pas m'aider.

Instantanés...

Je vais terminer cet article par deux rencontres qui se sont faites dans les plans subtils cette fois.

Rencontre avec Jiddu Krishnamurti

Krishnamurti s'est manifesté lors d'une méditation que je faisais au petit matin allongé dans mon lit. J'étais centré dans le coeur et dans l'orientation de la Lumière Divine; l'objet de ma méditation était cette fois-là une problématique que je n'arrivais pas à résoudre. Alors, tout en restant centré, j'ai clairement formulé la question dans mon esprit. Puis je l'ai amenée dans le coeur et je l'ai laissé se diffuser sans plus intervenir et en restant à l'écoute.

J'allais me lever lorsque je vis se manfester J. Krishnamurti dans une vision intérieure. Il était assis sur une chaise en bois, au bord d'un feu de cheminée. Il était habillé comme d'ordinaire, très élégant. Il émanait de lui beaucoup de douceur et comme un souffle de liberté. Il était porté par une énergie de couleur mauve, la couleur de la conscience. Puis il me fixa dans les yeux, et il fit une chose curieuse : il joignit les doigts de la main droite, comme s'il faisait un mudra, puis, le bras tendu, il fit un geste comme s'il enfonçait quelque chose avec le bout de ses doigts réunis, et il recommença en petits battements 3 fois.

Alors s'ouvrit à l'intérieur de moi un espace dans ma conscience, Il avait ouvert une porte dans laquelle la Lumière allait pouvoir s'inflitrer un peu plus tard.

Par la suite, j'ai essayé de reprendre contact avec lui mais sans succès. Lorsqu'un contact subtil se produit avec un être, on en garde une certaine trace en soi. Le souvenir relié à la trace énergétique de l'être en question peut permettre de trouver le chemin jusqu'à lui. Mais lui comme un autre garde sa propre liberté. Et s'il estime, de là où il est, ne pas avoir besoin d'intervenir ou de reprendre contact, il n'intervient pas.

Instantanés...
Rencontre avec un saint chrétien

Je réfléchissais là encore au petit matin sur une orientation de vie, sur un choix que je n'arrivais pas à fixer. Juste avant le réveil, lorsque le corps est encore presque léthargique, j'aime prendre le temps d'observer l'environnement subtil. La plupart du temps, je ne vois rien de particulier. Parfois je me retrouve dans l'astral. De temps en temps, l'esprit porté par l'âme voyage dans l'univers et parfois encore, la Lumière en profite pour passer une initiation, quand ce n'est pas Elle qui me sort du sommeil.

Cette fois-là, je me situe plutôt en périphérie de la Terre et je reste en observation lorsque je vois passer un homme en tunique blanche avec une auréole au-dessus de la tête, légèrement derrière le sommet du crâne, orientée de telle sorte que le centre de l'auréole se trouve face à la racine des cheveux. C'est la première fois que je voyais ce phénomène sur un être subtil. J'avais vraiment l'impression qu'il se promenait, qu'il flânait au-dessus de la Terre.

Tout en étant surpris de le voir il me dit : "tu dois être ferme dans tes choix", en réponse à mon questionnement. Puis je le vois repartir tout aussi tranquillement que je l'avais vu passer, en flottant dans le ciel. Et sur le coup, je ne sais pas trop ce qui m'a pris, intérieurement, je le rappelle et lui demande : "peux-tu m'aider davantage ?". Puis ni une ni deux, il revient vers moi et se positionne à l'horizontale au-dessus de moi, de telle façon que son visage soit quasiment collé au mien. Puis il me fixe. Je peux alors voir son visage : il a les cheveux noirs, frisés, il est plutôt clair de peau avec des tâches de rousseur, le visage un peu rond. Il me sourit, je le trouve "sympa" ! Il me semble de type européen. Puis son regard devient insistant, il plonge en moi, je sens qu'il m'observe d'un regard profond et sondeur. Toutefois, il reste silencieux. Je sens que ma question n'est pas pertinente, qu'il n'a rien à faire pour moi maintenant. Du coup, je me sens un peu mal à l'aise. Je lui demande toutefois :"qui es-tu ?". Puis en partant, je crois entendre "Marc".

J'ai cherché quelques images sur le Net mais bien évidemment, aucune représentation n'est exacte et fidèle. C'est comme tous ces personnages historiques anciens dont on garde un vague souvenir dans la conscience collective et qui prennent des visages différents selon qui le dessine. J'ai mis ci-dessous deux images qui sont tout de même relativement proches.

Instantanés...Instantanés...

La question de la transmission et celle de l'enseignement sont difficiles et je ne sais pas s'il existe une bonne façon de transmettre et d'enseigner. J'ai illustré ici quelques exemples qui me servent encore aujourd'hui de matière à réflexion, et il y en aura d'autres par la suite.

Je ne vais pas livrer ici le produit complet de ma réflexion, qui progresse d'ailleurs régulièrement. Je laisse le lecteur prendre ce qu'il veut, selon ce que j'ai pu en témoigner. Néanmoins, dans les grandes lignes, pour celui qui enseigne et transmet, il est clair qu'il doit non seulement maîtriser ce qu'il enseigne, une maîtrise qui soit existentielle et non théorique, et il doit aussi exprimer une force de rayonnement transcendantale, force qui soit une avec ce qu'il exprime. Il faut également qu'il ait le goût de l'autre, et qu'il ait l'humilité nécessaire pour reconnaître qu'il ne peut pas tout savoir. Il n'est pas nécessaire d'être estampillé "maître" ou "enseignant" pour cela. Et pour celui qui reçoit, être dans l'écoute et ne pas juger. Et parfois, Dieu met sur notre chemin des gens simples et humbles à qui Il donne pour que nous recevions.

J'ai une fois fait la connaissance d'un humble tailleur de pierre qui était hébergé dans une communauté dans laquelle je m'étais retiré moi aussi pour m'isoler quelques temps. Nous avions sympathisés naturellement, nous reconnaissant l'un l'autre par affinité et sensibilité d'âmes. Il avait démarré le piano de façon autodidacte peut-être un an auparavant. Un matin, il vient me voir et me dit qu'il a fait un songe me concernant. Brûlant de curiosité, je le questionne. Il me demande de l'accompagner dans la salle du piano car il devait me le raconter en musique. Il s'installe et commence à jouer "la gnossienne n°1" d'Erik Satie. Puis il me dit qu'il m'a vu en rêve. Je tenais un plateau dans les mains, et sur celui-ci, il y avait une pierre de granit. Je tenais ce plateau de telle sorte que la pierre était devant mon coeur, et je marchais, une file de gens me suivait. Il m'a dit alors que Dieu me demandait simplement de poser le plateau. Je me suis alors effondré en larmes, une intense chaleur me consumait à l'intérieur. Je venais de poser le plateau et ainsi de libérer mon coeur...

A celui qui cherche dans la sincérité, Dieu répond. 

Le morceau complet...

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Rédigé par Serge Z.

Publié dans #Réflexions

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