connaissance de soi

Publié le 14 Novembre 2014

Répondre à l'appel de la Vie et de la Lumière n'est de loin pas confortable pour deux sous. C'est souvent un chemin de luttes, d'abandons, de lâchers prises mais c'est aussi un chemin de choix permanents, des choix à faire en toute conscience, qui ressemblent assez souvent à des sauts dans le vide, sans parachute ni filet pour nous réceptionner.

Il ne s'agit pas non plus et de loin d'un chemin linéaire vers les Hauteurs Saintes; il s'agit au contraire de faire descendre le Divin dans Sa créature, pour amener la Lumière dans l'obscurité, toujours plus profondément. Un adage dit que "plus haut on monte, plus bas on descend et plus bas on descend, plus haut on monte". S'il y a repos, il est de courte durée car trop de repos et l'inertie nous guette. Trop de précipitations et c'est l'emballement et l'agitation. Parfois il faut faire des choix et agir, parfois laisser faire. Parfois avancer, parfois s'arrêter... L'alchimie intérieure reste une science dans laquelle on apprend en permanence, rien n'est jamais complètement acquis.

Avancer vers son ombre puis marcher dans l'obscurité à travers notre condition humaine pour y trouver la lumière demande une grande foi. Peu ose s'y aventurer, préférant le confort d'une étape plutôt que l'inconfort et l'incertitude du chemin. Si certaines traditions mettent l'aspirant face à lui-même à travers des initiations, je crois que notre époque nécessite que tous les aspirants potentiels se lèvent et accomplissent ce chemin sans tarder, là où ils sont. Or, ne nous voilons pas la face, il est semé d'embûches. Quoi qu'il en soit, à chaque dépassement potentiel se présente aussi la peur, ou plutôt les peurs, qui sont parties intégrantes de notre nature humaine telle que nous la connaissons aujourd'hui.

Daniel dans la fosse aux lions

Daniel dans la fosse aux lions

Décrire ce qu'est la peur n'est en soi pas compliqué. Il s'agit d'une énergie cristallisée qui, une fois libérée, devient de la joie : la peur est de la joie cristallisée. Il y a les peurs dont on a conscience, celles qui nous travaillent plus ou moins au quotidien, et les autres, plus nombreuses mais que l'on rencontre moins souvent, qui sont tapies au fond de nous et qui pourront surgir lorsqu'une situation se présentera. Les peurs profondes sont une facette de ce que constitue l'instinct. Deux façons de les aborder : soit on y réagit et c'est souvent la fuite qui s'impose, soit on sait l'appréhender par l'acceptation et on la traverse par la transcendance.

Il y a les peurs instinctives, celles qui surgissent lorsque l'on est confronté à une situation qui nous met en péril. Il y a les peurs irrationnelles, celles qui sont issues de notre imaginaire. Et puis il y a les peurs profondes, inconscientes, celles issues de l'atavisme et de l'espèce, celles qui passent de génération en génération. Pour donner un premier exemple d'une peur irrationnelle, je me souviens d'un rêve qui me mettait en scène face à une personne à l'aspect agressif. Pris de panique, je me mets à fuir, poursuivi par le potentiel agresseur. Puis à un moment, je me pose la question de savoir pourquoi je fuis. La personne du rêve ne m'avait pas agressé, et mis à part une intention que j'avais cru capter, aucune agression n'avait eu lieu. Et donc, dans le rêve devenu lucide, je m'arrête et me retourne pour regarder la personne qui me poursuit. A cet instant, la personne s'arrête et le sentiment de peur s'estompe. Puis le rêve, d'abord inconscient, devenu lucide se transforme en vision, et je vois face à moi deux créatures monstrueuses qui "chiffonnent" mon rêve, démasquées.

Ce genre d'expériences me fait sourire parce qu'elles ne mettent pas en danger véritable. Il faut bien avoir à l'esprit que toutes nos émotions et surtout celles qui sont cristallisées nourrissent une faune qui se trouve dans le vital (dont le siège est dans le ventre). Cette expérience montre que de très nombreuses entités utilisent l'être humain pour leur propre compte. Elles se nourrissent de nous, et c'est pour cette raison qu'elles sont généralement à l'oeuvre derrière le voile de la conscience, pour nous amener à nous jeter dans le chaos, justement pour qu'elles puissent grandir par les émotions que nous générons. Et lorsque l'on met en commun nos émotions, surtout les émotions négatives, que celles-ci ne sont plus le fait d'un être humain mais d'un groupe humain, ces émotions nourrissent des égrégores, égrégores qui sont des "super entitiés". Ces égrégores sont comme des monstres que notre pouvoir créateur est capable de créer et de nourrir, et qui finissent par avoir leur vie propre. Ils perdurent ensuite dans le temps, et vont agir de telle sorte à ce que l'on continue à les alimenter, de la façon décrite ci-dessus. Et plus ils grossissent, plus ils auront d'influence, en tous cas sur notre conscience non intégrée. C'est tout le travail de connaissance de soi que de mettre à jour ces émotions pour ne plus se faire attraper par leurs illusions.

Je continue sur les peurs. Les forces du serpent dont j'ai parlés dans des articles précédents ont beaucoup joué sur mes peurs pour s'installer et se développer en moi. D'une manière générale, toutes les émotions cristallisées nourrissent les forces du chaos. Les forces de Lumière, quant à elles, ne se nourrissent pas de l'humain. Elles sont sources de vie, de joie, d'harmonie,... tout le contraire des forces du chaos. Ainsi, pour approfondir le travail de purification, la Lumière m'a confronté à ces peurs indéfinissables. Alors que j'étais allongé dans mon lit à subir des attaques de serpents, je vois une espèce de gros chien noir, plutôt haut sur pattes, avec une tête entre le chien et le cheval. Curieusement, je perçois aussi son pelage, un poil noir et dru, qui procure une sensation  de toucher que personnellement je n'aime pas. Cet "animal" a le museau collé sur mon plexus. Je le ressens comme un obstacle mais aussi comme si, par cette porte, il jetait des influences. Je me centre dans le coeur puis je perçois une sensation de froid qui se détache du plexus, puis je vois cet animal reculer jusqu'à disparaître. J'entends alors : "tu n'as plus rien à craindre de la Bête maintenant." Pour la Lumière, la Bête rassemble les énergies du vital. C'est l'aspect animal instinctif en l'humain, celui sur lequel l'humain s'est élaboré pour devenir l'humain que l'on connaît aujourd'hui, qui n'a pas été transformé lors de l'évolution mentale, qui reste tapis dans l'ombre mais qui agit à travers le subconscient. Cette expérience m'a permis de franchir une étape importante puisqu'elle a dégagé une porte qui a fait pénétré la Lumière dans une partie jusqu'alors inaccessible. Pour les lecteurs qui aiment les contes symboliques et initiatiques, on pourrait dire que c'est un "gardien du seuil" qu'il fallait voir et passer.

Certaines peurs nous sont inconnues, et pourtant elles sont bien présentes. Je me souviens avoir vécu cette vision d'un lion qui arrive vers moi. Je me sens alors saisi d'une peur irrésistible mais je n'arrive pas à définir à quoi elle se réfère; j'en viens même à trembler. Je constate que l'animal est en fait une femelle et qu'elle est tenue en laisse. Elle arrive face à moi et à un moment, d'un geste brusque, la lionne arrache la laisse, fonce vers moi, se met sur ses pattes arrières et pose ses pattes de devant sur mes épaules. Même si je n'ai pas repéré d'intention d'agression, je ne peux m'empêcher de ressentir une peur profonde qui remonte du bassin. La scène est d'autant plus impressionnante que je sens ses lourdes pattes sur mes épaules, sur mon corps physique, avec ses griffes puissantes, comme si elle était présente dans la pièce face à moi. Je sens aussi ce qui m'apparaît comme son souffle sur mon visage, je suis tétanisé. Je fuis son regard. Je me dis qu'elle va me dévorer ! Puis j'entends une voix qui me dit : "regarde la dans les yeux". Après quelques secondes, je rassemble mes forces pour fixer son regard d'un bleu perçant, je prends une respiration profonde et j'appuie le regard, et d'une certaine façon, j'arrive à pénétrer sa conscience, et je rentre en unité avec celle-ci pendant quelques instants. Et contre toute attente, l'animal se remet sur ses quatre pattes et repart dans une autre direction, sans laisse et de façon tout à fait calme et sereine. Puis l'on me dit : "tu n'as plus à avoir peur maintenant (de tes énergies féminines)". J'en ai poussé un ouf de soulagement...

Je relate cette expérience pour montrer comment la Lumière divine peut nous initier et nous permettre de nous dépasser nous-même. Je ne savais pas qu'une telle peur existait en moi, mais cela a révélé de multiples aspects en relation avec justement les énergies de type féminine, comme une certaine dimension de la kundalini par exemple, ou en relation avec certaines énergies sexuelles portées par les femmes pour un autre exemple. Il est tout à fait probable que cela ait fait sauté un blocage subtil empêchant la circulation de ces énergies mais comme je l'ai expliqué par ailleurs, je ne me souviens plus de comment c'était avant...

Par contre, certaines peurs sont encore bien présentes, comme la peur de manquer par exemple, qui provient d'un traumatisme de l'enfance qui n'est pas encore totalement intégré aujourd'hui. Ce genre de peur a structuré une partie du moi à un niveau de profondeur tel qu'une partie de ma vie s'est configurée pour rester dans une certaine zone de confort, de façon à ne pas avoir à affronter des situations en rapport. Mais je sais très bien, car la période est propice, et si je veux avancer, qu'il va falloir regarder cette peur en face. J'aurais bien aimé intégrer cette peur uniquement par des pratiques internes, puis ne pas devoir affronter une potentielle situation de manque (je ne sais même pas si cela va se produire, c'est la peur qui parle ! :)). On verra bien quand ça va se présenter mais nous sommes des êtres incarnés, et d'autant plus dans le travail d'incarnation du Divin, la peur doit céder la place à la foi (foi = confiance). Et du fait même de notre incarnation, on ne peut pas passer à côté de l'expérience dans la matière. Ainsi, il faudra un jour ou l'autre regarder cette peur en face, à travers une situation que j'aurai choisie ou une autre qui se présentera. 

Fuir n'est jamais la solution si l'on veut gagner en force, en foi et en courage, avec tout le risque que cela peut comporter. Des "saints" chrétiens ont du affronter des lions dans les arènes romaines et se sont faits dévorés, d'autres ont réussi à les dompter ou à les tenir en respect, le prophète Daniel par exemple. Le prophète Daniel avait très certainement intégré des forces intérieures qui lui a permis de rester totalement serein face aux lions quand il a été jeté dans la fosse (à savoir que l'odeur de la peur est une agression pour les animaux et pour certains humains très sensibles...). J. Krishnamurti, quant à lui, raconte dans un livre (je ne sais plus lequel) qu'il a frôlé un jour un tigre mangeur d'hommes qui ne l'a pas agressé, parce qu'il était lui-même sans peur.

La différence entre une situation qui nous tombe dessus et face à laquelle on est confronté brutalement, et la même situation, qui peut arriver sans forcément que l'on s'y attende mais que l'on aborde avec une intention de se dépasser, c'est la conscience que l'on y met. Et pour dépasser toute peur à laquelle on peut être confronté, et par extension toute situation quelle qu'elle soit, c'est d'abord d'accepter la chose en l'état. Comme la peur est une émotion, donc une énergie, il faut apprendre à laisser cette énergie circuler sans se laisser aller à y répondre. Ceci peut se faire en quelques dixièmes de seconde, si l'on est confronté à un (potentiel) danger immédiat par exemple, ou sur une période beaucoup plus longue, si c'est une peur psychologique profonde. C'est difficile, car tout l'organisme est programmé pour rassembler toutes ses forces pour faire face à la siituation qu'il considère comme une urgence, même si cette peur est un résidu psychologique du passé, ou si c'est une peur irrationnelle issue de l'imaginaire (ou de l'imaginaire collectif). L'organisme ne fait pas la différence. Et c'est bien là qu'il faut acceuillir les sensations mais pas forcément y répondre. Moins on va y répondre, plus la peur va se transformer en panique, qui est une réponse de l'organisme pour court-circuiter la pensée et tout rationalisme restant pour générer des réactions instinctives de sauvegarde. Et plus la panique va nous gagner, plus il faut y mettre de conscience, apprendre à respirer profondément et lentement, et être centré dans le coeur. C'est un des exercices les plus difficiles que je connaisse, car la peur est ce qui structure notre état de survie et de sauvegarde, et ne pas y répondre demande un état de présence à soi-même total. Mais oeuvrer pour la Vie, la Vie Divine, passe obligatoirement par la transcendance des peurs. Evidemment, lorsque l'on est en situation de danger réel, laisser l'organisme gérer la situation peut être salutaire. On a déjà vu des personnes accomplir des exploits pour sauver un proche ou eux-même dans une situation qui aurait pu sembler perdue.

On peut avoir peur de tout et vivre (si on peut appeler cela vivre) dans un état de retranchement tel que nous n'ayons quasiment jamais à être confronté à nos peurs. Auquel cas, l'état de sécurité dans lequel on peut se trouver est quasiment un état de cristallisations et quasiment de mort interne. Pour rentrer dans un état de vie véritable, cela demande de sortir de nos zones de confort et de se confronter à soi-même. Certaines personnes n'y arrivent jamais et espèrent plus que tout qu'aucun malheur ne les y confrontera. Ces état de vie est illusoire.

Je vais terminer par un rêve, rêve qui revient assez souvent d'ailleurs. J'ai rêvé que je mourais. Et j'ai eu peur. Peur non pas de la mort elle-même, enfin je ne crois pas, mais surtout de ce qu'elle m'inspire. Avoir peur de mourir, c'est aussi avoir peur de vivre. Car ce qui m'est venu, ce sont des impressions de ce que je n'ai pas vécu, par peur du regard des autres ou par peur de choquer ou de bouleverser mon environnement. Ce que ce genre de rêve me remonte, c'est la peur d'être différent, et de ne pas assumer cette différence. La pire peur qui puisse exister à mon sens, c'est la peur d'être soi. Alors on se conforme, on se fond dans la masse et on étouffe à petit feu. Il faut donc mourir à soi-même. Mourir à soi-même, c'est surtout mourir à une illusion de soi-même, à une croyance sur soi. Et cette mort-là est salutaire. Alors on se trouvera.

Après toutes ces années d'expériences et de travail sur soi, j'en suis là. La Lumière me confronte une nouvelle fois, et de façon plus profonde aujourd'hui, à ces cristallisations toujours présentes en moi. Un grand saut qu'il va falloir oser faire un jour ou l'autre...

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Rédigé par Serge Zimmermann

Publié dans #connaissance de soi

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