Au mont Athos

Ça faisait longtemps que j'avais entendu parler du mont Athos, en Grèce. J'ai donc profité de ces vacances pour découvrir ce lieu qu'on surnomme « le jardin de la vierge ». 

Atterrissage à Thessaloniki, en Macédoine, deuxième ville de Grèce où je suis resté une nuit. Puis bus.jusqu'à Ouranopoulis qui est une toute petite station balnéaire et la ville où on prend le ferry pour se rendre sur cette presqu'île interdite aux femmes, et plus exactement aux vertébrés femelles, sauf aux poules pour leurs oeufs et aux chattes pour chasser les rongeurs. Ici, ça ne rigole pas avec cette règle car mesdames, s'il vous prenait d'aller y poser ne serait-ce qu'un pied, il vous en coûtera 50 000€ d'amende et 2 ans de prison ferme. Les moines qui vivent là ne veulent aucune tentation sexuelle, mais j'allais vite découvrir que beaucoup d'entre eux ont un smartphone, avec tout le risque que ça comporte d'ouverture sur le monde, et ses tentations...

Pour pouvoir séjourner en ce lieu, il faut un laisser passer, qui faut préalablement réserver par mail ou téléphone quelques semaines avant de venir. En effet, pas de laisser passer, et pas possible de prendre le ferry. Heureusement, j'avais été prévenu et à Ouranopolis, il faut aller le retirer au bureau des pèlerins, après y avoir laissé 30€. A noter que sur ce « diamonitirion » est précisée votre religion, car ils n'autorisent pas plus de 10 non orthodoxes par jour. Donc sans rien avoir demandé à personne, j'ai été catholique quelques jours :)

Il faut ensuite acheter un ticket de ferry puis embarquer de bon matin pour 2 h d'un trajet très tranquille, avec une bonne centaine d'hommes de toutes nationalités, mais surtout grecs, serbes, bulgares et russes, qui sont les nationalités des moines que l'on trouve dans les monastères.

Je ne connaissais que très peu le christianisme orthodoxe. Je l'ai découvert en Crête lors d'un voyage en famille il y a une vingtaine d'années. Je m'étais promis de creuser un peu plus à l'occasion car déjà à l'époque, j'avais perçu une très belle énergie au niveau du coeur dans certaines églises et monastères, lors de cérémonies. Ce voyage au mont Athos était l'occasion pour m'immerger dans cette religion.

Je connais des personnes qui sont venues à plusieurs reprises au mont Athos. Mais je ne voulais rien savoir et découvrir par moi même. Donc une fois sur le ferry, je me suis demandé comment procéder. Le plus simple était de suivre la foule qui allait sans doute débarquer au petit port de Dafni, pour ensuite rejoindre la petite ville de Karyes, considérée comme la capitale administrative du lieu. En fait c'est une capitale de quelques habitants, presque tous laïcs, et forcément masculins...

Quelques heures avant, j'avais lu un article sur un « saint » ayant vécu au monastère russe pendant 46 ans. Et comme chaque monastère a son port et que le ferry passe dans certains d'entre eux avant d'arriver à Dafni, j'ai débarqué au monastère russe qui se trouve être celui juste avant Dafni. Ça m'évitait de me poser trop de questions trop vite sur comment voyager de monastère en monastère, j'allais pouvoir gagner du temps et de l'énergie.

Petites précisions que je ne savais pas avant de venir et que j'ai découvertes sur place : on ne peut rester qu'une seule nuit par monastère, on est logé en dortoirs, ils reçoivent gracieusement (gîte et couvert), les églises ne sont ouvertes que pendant les offices, l'accès des pèlerins est limité à certaines zones, on mange en même temps qu'eux, après les offices, en 10 min montre en main et dans le silence (un moine lit des versets de la Bible pendant le repas). Ce qui fait que le dîner est approximativement vers 18 h et le déjeuner vers 7 h, mais c'est variable car les jours de jeûne, les pèlerins sont nourris un peu plus tard, de ce que j'ai compris. L'attribution des chambres aux pèlerins ne se fait qu'à certaines heures, et selon le moment, mieux vaut réserver un peu à l'avance car les moines sont capables de vous refuser l'hébergement une fois la capacité atteinte. Et si vous n'êtes pas dans les horaires, vous attendez. C'est surtout vrai dans les gros monastères, ou dans ceux dans lesquels il n'y a pas beaucoup de moines.

L'accueil chez les russes était pour le moins...sibérien. J'ai attendu peut-être 1 h 30 avant qu'on m'adresse la parole, pour me poser une première question de savoir si j'étais américain... Sic ! Les moines russes ne parlent pas anglais (volontairement ?), sauf un qui m'a aidé à comprendre, mais lui n'était pas russe. Bref, après l'arrivée du second ferry (il y a deux départs par jour) qui a vu débarquer quelques pèlerins russes, on m'accorde enfin un lit dans un dortoir de 40 places. C'est un travail sur mes goûts de luxe ! Car ces lits (dans ce monastère, pas dans les autres où j'ai été accueilli) sont recouverts d'un épais plastique, il fait une chaleur étouffante et le dortoir est complet. Mais je suis motivé, et une nuit dans ces conditions, c'est pas la mort. D'autant que j'ai tout de suite perçu une très belle énergie à côté de l'accueil et après avoir fait le tour des lieux, je décidais de méditer à cet endroit le reste de la journée, en attendant le prochain office suivi du dîner.

Je n'avais aucune idée préconçue des énergies que j'allais trouver. Ce n'est pas dans cet endroit que j'allais les ressentir le plus fortement. Néanmoins pendant l'office une présence dans le coeur ainsi qu'une lumière descendante envahirent le lieu et inondait les personnes présentes. Mais une fois l'office terminé, l'église s'est vidée très vite en commençant par les moines puis les laïcs. Après un repas dont la nourriture était excellente, pris en silence avec pour seul son une litanie lue par un moine, retour à l'église pour vénération des reliques. Puis extinction des feux vers 20 h, heure locale. Après une nuit difficile, un office trop matinal pour moi et un déjeuner avalé sur le pouce, je décide d'avancer à pied vers le prochain monastère, en direction de la montagne sainte.

Enfin, ça c'était l'intention. Après 45 min de marche sous une chaleur accablante, et vue ma médiocre condition physique, j'étais bien heureux de voir passer une camionnette en direction de Karyes. Le chauffeur s'arrête et me fait monter. Ouf ! Du coup, revue du plan et direction la capitale... La course négociée me coûtera 10€ au lieu de 30€.

Arrivé à Karyes et sans trop savoir où aller, j'entends quelqu'un qui parle français à côté de moi. C'est un moine français (qui ne veut pas que je donne son nom) qui m'expliquera beaucoup de choses en rapport avec sa religion, sa vie, le mont Athos, les icônes saintes dans les différents lieux et c'est lui qui me trouvera une chambre au prochain monastère où j'avais l'intention d'aller. Nous avons eu également un très bel échange sur les religions, donc une très belle rencontre.

Dans cette ville, il y a une église dans laquelle justement une icône sainte est présente. Effectivement cette icône rayonne fortement mais impossible de rester beaucoup de temps car l'église a ouvert tard et j'avais peu de temps avant la navette vers le prochain monastère.

Le Pantokratoros est le nom du monastère grec vers lequel je me suis dirigé le deuxième jour. Une navette part du centre et si un nombre de personnes est suffisant pour faire le trajet, le coût est réduit. Sinon, il faut insister un peu pour qu'il nous emmène et l'on rémunère le chauffeur au prix total.

Arrivé au monastère, on est reçu comme dans tous les autres avec un verre d'eau, un verre d'alcool fort et quelques loukoums. Inscription sur le registre, attribution du dortoir puis visite des lieux, organisée ou non, jusqu'au prochain office. C'est dans ce monastère-ci que j'ai perçu une énergie plus intense, durant les offices, toujours dans les mêmes qualités.

Le lendemain matin, office à 6h30 puis petit déjeuner et je décide d'aller au prochain monastère, à pied cette fois-ci puisque l'on m'avait confirmé qu'il n'y aurait qu'une heure de marche. Et c'était tout à fait juste. Même s'il faisait chaud, le chemin ombragé ne m'a pas fait souffrir de la chaleur, même si la température me faisait transpirer abondamment.

Voilà la vue du monastère Stavronikita lorsque l'on arrive par le sentier côtier.

Ici, dortoir de 3 lits mais toujours un ronfleur qui va sérieusement m'empêcher de dormir. Programme identique aux monastères précédents mais comme cette fois j'avais un peu plus de temps, je décidais, avec un voisin de chambrée, un grec, d'aller au prochain monastère atteignable par la côte, pour le visiter. Je passe les détails logistiques mais dans le monastère d'Iviron, on m'indique une relique sainte présente dans l'église. Nous étions heureusement accompagnés de deux autres personnes qui connaissaient le moine qui s'occupait de l'église et qui nous en a ouvert les portes, ce qui m'a permis d'aller percevoir l'énergie qui émane effectivement de cette icône. Puis après un bref en-cas, retour à pied cette fois, par la côte, vers le Stavronikita.

Assis sur un muret le soir, j'observe le mont Athos, la montagne sainte, que je vois en arrière plan. Je m'aperçois qu'il émane d'elle comme aussi, du territoire que j'observe alentour, dans le subtil, une très belle lumière mauve.

Quatrième jour : je fais quoi ? Si je veux rester plus longtemps, je dois faire renouveler mon laisser passer à Karyes. Certes je me sens bien, mais très fatigué de par les mauvaises nuits. Deuxièmement, les énergies des 4 monastères que j'ai visités semblent les mêmes partout, avec plus ou moins d'intensité, mais dans les mêmes qualités énergétiques. Donc si je reste, ce serait pour visiter des monastères, et encore, davantage le cadre que l'intérieur car les églises sont fermées la journée, donc je ne peux pas méditer autrement qu'à l'extérieur. Mais je ne veux pas "consommer du monastère" non plus. Il semblerait, de ce que l'on m'a dit, que dans certains autres monastères, il y aurait "de saints hommes", des moines qui prédisent l'avenir ou des maîtres spirituels. On trouve aussi des ermites, mais il faut pousser vers les monastères qui sont situés dans les falaises, puis ensuite parcourir la montagne pour essayer de trouver leur grotte ou leur maison. 

Forcément ça m'a attiré mais ma fatigue était trop forte, et les vacances avant ce séjour en Grèce n'ont pas été très reposantes non plus. Il fallait donc que je me repose et que j'intègre tranquillement cette première visite. J'ai donc décidé de stopper là mon premier pèlerinage au mont Athos et de passer quelques jours "sans rien faire" dans Ouranoupolis, pour me promettre de remettre à un futur séjour la visite d'autres monastères.

Et là, seul dans mon petit hôtel douillet, au bout de quelques jours de tranquillité, de méditation et d'une vie de vacances bien méritées, j'ai du faire face à une crise existentielle...

PS : je précise que cette république monastique, inscrite au patrimoine mondial de l'humanité, et gérée par l'archevêque de Constantinople, a été en grande partie rénovée depuis ces 10 dernières années car elle a reçu de nombreux fonds qui ont permis non seulement la réfection des monastères, et donc des dortoirs, mais aussi la création de routes. On est donc reçu dans des conditions plutôt confortables, avec WC et douches