Le passage de l'âme au premier plan

Publié le 26 Février 2013

Le passage de l'âme au premier plan

La scène se situe quelques semaines seulement après la rencontre avec Paul (cf article Rencontre sur le chemin). Comme chaque matin, je suis dans la voiture en direction de mon travail. J'arrive à un feu qui vient de passer au rouge. Et sans que je n'aie à intervenir, je sens un point de chaleur dans ma poitrine, derrière le sternum.

Dès l'apparition de cette perception, le point de chaleur absorbe l'esprit ; je continue de percevoir mon corps mais "l'entité" qui "habite la tête" s'efface dans le point, "Je" ne suis plus dans ma tête mais "je" suis le point. Puis soudain, le point explose dans ma poitrine et s'étend dans toutes les directions de l'espace. La perception de l'environnement s'affine d'un coup et je perçois tout ce qui se passe à une distance que j'estime être une dizaine de mètres tout autour de moi. Pour décrire, cela, je dirais que c'est comme si je pouvais toucher tout l'environnement alentour, tout en même temps. Que ce soient les personnes dans les voitures autour, leurs émotions, leurs pensées, leur état d'être, mais aussi les arbres, l'herbe, les fleurs, les occupants des voitures qui passent sur les routes transverses même brièvement, l'air, le vent, tout est en moi, tout est moi. Les perceptions sont intenses car elles sont également lumière. L'énergie que je perçois est de couleur or, elle imprègne tout. Elle porte mes sens, tous réunifiés.

Plus étonnant, je ne sens pas mon corps, ou du moins pas comme "avant". Il me paraît léger, presque lointain, il a sa propre vie que je perçois comme indépendante de "moi". Il n'est pas moi, il est en moi. Et tout est silencieux. Malgré le bruit des voitures, que j'entends également, c'est le silence qui se fait le plus intense, le silence est également présence. Partout où le silence est, dans ce que je peux en apercevoir, je suis, je ressens. Sensation d'infini qui ne dure que quelques minutes, mais dont l'intensité est telle qu'elle ne m'a plus quittée.

Toujours dans cet état de présence intense, je sens mon corps qui entame quelques mouvements. Le feu est passé au vert. Alors qu'il n'y a aucune intention de ma part, ma jambe gauche appuie sur l'embrayage, la main droite passe la première et d'une façon très tranquille, j'observe que la voiture avance et accélère. Et là, j'ai eu peur. Bien que tout se passait correctement, la peur me ramena dans le corps. La voiture fit un écart sans créer de dommages autour, mise à part une petite frayeur pour les gens à côté. J'ai senti que "je" me reconcentrais dans la tête, pour reprendre les commandes de mon corps et de la voiture. C'est une très curieuse sensation, aussi bien d'être rattrapé par la peur et que de me sentir de nouveau cristallisé dans la tête. Cela m'a donné l'impression d'être comme un oiseau qui a goûté quelques instants à la liberté et qui se retrouve en cage sans qu'il sache trop pourquoi, rattrapé par un filet invisible au moment de son envol et du déploiement de ses ailes.

Physiquement, cette expérience m'avait éminemment secoué. J'arrivais au bureau dans un état indescriptible, comme si j'avais été passé dans une grande lessiveuse. Je ne savais plus si j'avais un corps ou non, où "je" me situais, ce qui se passait exactement. J'avais encore cette intensité qui me brûlait dans la poitrine, et je tremblais. Des vagues partaient de derrière le sternum et me secouaient le corps et l'esprit, je le ressentais comme un Amour intense qui se diffusait dans toutes les directions. J'avais sans cesse envie de pleurer, c'était un mélange de bonheur et de nostalgie. Mon corps était pris de soubresauts, ma respiration devenait parfois ample, parfois elle était très rapide. Elle suivait les mouvements d'énergies. De ma poitrine se diffusait une chaleur intense et vibrante dans tout le corps et je sentais qu'elle s'étendait parfois très au-delà.

Il m'a fallu environ trois semaines pour que l'ensemble de ces sensations soient à peu près intégrées, même si les vagues d'amour qui sortaient de la poitrine me surprenaient souvent. Bien qu'elles aient été moins fortes avec le temps, j'apprenais à faire avec et à adapter ma respiration en conséquence pour continuer à évoluer dans le monde. J'avais bien conscience que ma vie venait de basculer. La kundalini m'avait déjà bien secoué, et quelques mois après, j'étais de nouveau sujet à une expérience d'une rare intensité. En même temps, je commençais à percevoir une sorte de fil d'ariane dans mon existence. Mais ce n'était juste qu'une intuition, l'enchaînement des évènements me semblait logique, cohérent. Et ça n'allait pas s'arrêter là.

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